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Troisième Chapitre

Évaluation des développements en Grèce

Les développements dans l'économie grecque

20. L'économie grecque tend à se rétablir faiblement en 2017. Cependant, la réalisation de cette tendance dépendra d'autres paramètres, en particulier des développements de l'économie internationale.

En calculant le PIB à prix constants de 2010, sa réduction sur une période de cinq ans est de 10,4%, tandis que par rapport au début de la phase de la crise en 2008, la baisse du PIB excède le 26%. En 2015, le PIB a reculé de 0,2%, tandis que pour 2016 on attend une nouveau réduction de 0,3%. En 2015, l'indice de volume de la production industrielle a légèrement augmenté de 0,7% pour la première fois depuis 2007, une tendance qui a continué dans la première moitié de 2016. Les secteurs dynamiques de la transformation ont été l'industrie pétrolière, les produits pharmaceutiques, les produits chimiques, les métaux de base.

La structure sectorielle de l'économie grecque n'a pas substantiellement changé au cours des quatre dernières années. Il y avait une petite augmentation de la part du secteur primaire dans la nouvelle production totale de 3,7% en 2012 à 4% en 2015 et du troisième secteur de 80,1% en 2012 à 81,8% en 2015, avec une baisse correspondante du secteur secondaire (transformation, énergie, construction, exploitation minière), de 16,2% en 2012 à 15,2% en 2015.

Il convient de noter que,  au-delà des problèmes méthodologiques généraux de séparation en secteur primaire, secondaire et tertiaire, ces chiffres sont influencés par le fait qu'un certain nombre d'industries, comme les télécommunications et les transports, sont classées par les statistiques bourgeoises dans le secteur tertiaire. Le problème méthodologique ci-dessus devient encore plus grand en Grèce car le secteur maritime (qui appartient au transport) est traditionnellement le plus puissant secteur de l'économie capitaliste grecque.

La flotte grecque occupe la première place en 2015 à l'échelle internationale, en augmentant la capacité des navires et ayant une part importante dans la flotte mondiale des navires-citernes et des vraquiers, avec un degré élevé d'exploitation des travailleurs du secteur.

Au cours des quatre dernières années la tendance à la baisse du nombre d'employeurs et du nombre de travailleurs indépendants a continué en raison de la crise, alors qu'il y avait une augmentation marginale du nombre d'employés. Plus précisément, le nombre d'employeurs a diminué de 261,000 en 2012 à 248,000 en 2015, le nombre de travailleurs indépendants (les agriculteurs en faisant partie aussi) a diminué de 908,000 à 856,000 et le nombre d'employés a augmenté légèrement, passant de 2,34 millions à 2,35 millions. Le nombre de  travailleurs familiaux  a été également réduit de 185,000 à 158,000.

Ces changements n'ont pas différencié de manière spectaculaire les proportions entre eux ni leurs pourcentages dans l'ensemble des travailleurs: le pourcentage d'employeurs a diminué de 7,7% à 6,9%, le pourcentage de travailleurs indépendants de 24,6% à 23,7% et le pourcentage d'employés est passé de 63,4% à 65%. Le reste concerne les travailleurs familiaux, dont le pourcentage a légèrement diminué. Il faut tenir compte du fait que ces pourcentages varient légèrement quant à la population économiquement active qui en plus des employés comprend les chômeurs aussi, dont une grande partie provient du travail salarié.

21. Pendant la période de crise la tendance à la concentration-centralisation de l'économie capitaliste grecque a été renforcée. Après une série de fusions et d'acquisitions, les 4 grandes banques systémiques regroupent pratiquement toutes les activités bancaires.

Dans le secteur du commerce on observe une croissance importante de la part de grands groupes commerciaux; dans le secteur des télécommunications, 3 groupes (OTE, Vodaphone, Wind) contrôlent essentiellement l'ensemble du marché, le deuxième plus fort groupe ayant conclu un partenariat stratégique avec le troisième.

Le secteur de l'énergie est dominé par trois grands groupes dans le domaine du combustible qui contrôlent entièrement le raffinage du pétrole, tandis que la concentration dans l'industrie de la construction a été effectuée de façon décisive, les grands groupes s'occupant également de plus petits projets.

Dans l'industrie des métaux, les deux plus grands groupes contrôlent presque 2/3 de l'industrie. Des évolutions similaires sont en cours dans les industries du tourisme et de la restauration, de l'alimentation et des boissons.

22. Les unions impérialistes internationales (OCDE, FMI, Commission européenne), ainsi que la Banque de Grèce, prévoient la reprise de l'économie grecque en 2017-2018, avec l'augmentation des investissements (hors logement) avec la contribution de la nouvelle loi de développement, sur la base du financement communautaire, de l’accélération  des privatisations importantes.

Ils prévoient une augmentation des exportations de marchandises en raison de l'amélioration de la compétitivité de l'économie grecque, une augmentation des services (tourisme, transport maritime) et une augmentation de la consommation intérieure résultant de la croissance de l'emploi, du revenu et de l'amélioration des conditions de crédit.

Comme facteurs d'incertitude qui peuvent conduire à des résultats plus négatifs, on distingue la détérioration possible de l'environnement économique international et du progrès de l'UE après le Brexit, l'impact négatif potentiel sur le tourisme et le commerce à cause de l'aggravation du problème des réfugiés et de la situation dans l'ensemble de la région de Méditerranée orientale, et l'impact de la politique du gouvernement (par exemple, hausse des impôts indirects, des charges pour les couches populaires).

Ces observations soulignent l'incertitude des prévisions bourgeoises, en particulier en cas d'une détérioration de la zone euro et d'une augmentation des forces centrifuges.

Il est intéressant de noter que certains grands investissements (par exemple, ports, transport ferroviaire) ne sont pas faciles à mettre en œuvre en l'absence d'un compromis à moyen terme entre les États-Unis, l'UE, la Chine et la Russie dans la région.

La situation de la classe ouvrière, des couches populaires, et la politique gouvernementale

23. Les mesures qui ont conduit à des bouleversements majeurs dans les relations de travail, les salaires, les conventions collectives, les pensions, les prestations sociales, etc., étaient prévues bien avant la crise, par le traité de Maastricht et plus précisément depuis 1993 par le «Livre blanc». Elles concernaient alors tous les pays de l'Union européenne et étaient indépendantes de la phase du cycle de la reproduction capitaliste. Ces restructurations capitalistes et les réformes anti-ouvrières ont servi l’objectif de faciliter la rentabilité capitaliste dans le contexte de l'intensification de la concurrence internationale. Néanmoins, il va sans dire qu’elles deviennent plus urgentes pour le système capitaliste en temps de crise.

Cette planification stratégique était lancée de manière ciblée, méthodique et à long terme par l'UE et les gouvernements bourgeois dans chaque pays. Ces mesures ont été développées rapidement et complètement, en particulier en Grèce, à partir de 2010, avec trois groupes de mesures (mémorandums) et dix lois d'application concernant seulement la restructuration des droits du travail (4 lois en 2010, 2 en 2012 1 en 2013, 1 en 2014, 1 en 2015, 1 en 2016).

En vertu de la stratégie commune sont promues:

• la politique commune pour une réduction drastique des salaires et la promotion des formes d’emplois alternative et à temps partiel. L’abolition dans une large mesure du temps de travail quotidien stable, de l’emploi permanent dans le secteur public et d’un certain stabilité de l’emploi dans le secteur privé. Des changements généraux dans les relations de travail, en augmentant la souplesse et la flexibilité. Ces politiques sont intégrées dans la stratégie de libéralisation du marché du travail au fil du temps et de la tendance d’adapter les salaires ouvriers à des niveaux très bas formés dans le marché capitaliste international.

• La politique commune pour la réduction des services de santé et des services sociaux et surtout en ce qui concerne les systèmes de Sécurité sociale avec l'expansion de la privatisation.

• Des politiques pour la légalisation des agences esclavagistes et l'exploitation des immigrants comme main-d'œuvre moins chère ainsi que comme un moyen de pression pour la réduction globale des salaires.

• De nouvelles restrictions sur le droit de grève, l'action syndicale.

• L’augmentation constante  des impôts indirects, entraînant une augmentation des prix des biens de consommation de base (électricité, nourriture, transport, etc.).

La «Stratégie Europe 2020», adoptée par le Conseil européen en juin 2010, est un approfondissement de l'ensemble du cadre anti-ouvrier qui avait été formé. Ces mesures, qui visent à rendre les monopoles européens, et entre ceux-ci les monopoles grecs, plus compétitifs  ne signifie pas qu'ils peuvent surpasser les contradictions du système, le développement inégal, les contradictions inter-impérialistes. Cela est plus clair dans l'UE aujourd’hui, où il est appliqué la «gouvernance économique - semestre européen» et un nouveau «Livre blanc» est préparé, qui sera annoncé au printemps 2017, visant à faire l'UEM plus résistante aux « chocs futurs ».

Les conséquences de la crise économique et les mesures anti-ouvrières prises à travers les mémorandums notoires et les lois d’application ont causé des bouleversements importants, profonds et plus stables dans les conditions de vie et de travail, dans la composition de la classe ouvrière, d’une grande partie de travailleurs indépendants et de petits propriétaires dans les villes et la campagne. La classe ouvrière s’est élargie à de nouvelles parties de couches moyennes détruites des villes et des villages. Plus de parties de la classe moyenne ont approché la classe ouvrière, les sémi-prolétariens sont augmentés. Dans le même temps on avait une immigration accrue, en particulier des jeunes.

Les restructurations et la crise ont réduit la couche de l'aristocratie ouvrière dans le secteur privé et le secteur public, ainsi que les fonctionnaires d'État. Cela ne signifie pas que la bourgeoisie renonce au maintien, au renouvellement et à la création de nouveaux mécanismes pour manipuler le mouvement ouvrier. La différenciation significative, la stratification au sein de la classe ouvrière et des travailleurs salariés plus généralement, reste et augmente, ce qui constitue la base matérielle de formation de l'aristocratie ouvrière.

24. Les données récentes confirment la tendance à l’augmentation de l’appauvrissement  absolu de la classe ouvrière. Après la réduction dramatique  de la rémunération globale des salariés  en 2009-2012 de 85 à 66,1 milliards d'euros, en 2012-2015 elle est passée à 59 milliards d'euros, enregistrant une nouvelle baisse de 10,7%, tandis que la réduction globale par rapport aux niveaux avant la crise est supérieure à 30%. En plus des réductions de salaires, cette réduction drastique de la rémunération globale des salariés  reflète naturellement la montée du chômage pendant la crise.

Selon les données de la Banque de Grèce, la rémunération par salarié a reculé de 7% en 2013, 2,1% en 2014 et 2,7% en 2015. La rémunération nominale par salarié a reculé de 24,3 milliers d’euros en 2012 à 21,8 milliers d’euros en 2015, soit une réduction de 10,3%, venant s’ajouter aux réductions de la période 2010-2012 qui ont réduit le salaire nominal annuel moyen de 26,1 à 24,3 milliers d’euros. En termes constants (après prise en compte de l'inflation) la réduction du salaire moyen est supérieure à 20%. Sur la base des données de l'IKA (Institut d'Assurances sociales), la réduction du salaire minimum depuis 2010 est proche de 35%.

Le pouvoir d'achat du salaire brut moyen en Grèce en 2014 atteint seulement 66% de la puissance d'achat moyen des 15 pays les plus avancés de l'UE, de 82% en 2009. Les pertes du pouvoir d'achat des salariés sont encore plus à cause des nombreux impôts de ces dernières années. Compte tenu de tous ces facteurs, on peut estimer que les pertes totales de niveau de vie des travailleurs vont jusqu’à ou sont proche de 50% dans la période de crise.

L'attaque sur le salaire minimum (réduction de 22% pour les plus de 25 ans et 32% pour les jeunes jusqu'à 25 ans) avait pour effet des rémunérations en 2014 encore plus faibles que celles de début des années 1990.

Les lois de ces dernières années continuent de grever constamment les salaires et le revenu populaire, la vie des familles ouvrières et populaires. Les données présentées reflètent les difficultés rencontrées par les travailleurs, l’état des salaires et les relations de travail.

Les  travailleurs à bas salaires représentent environ 60% des travailleurs. En particulier, les travailleurs disposant d’un salaire «net» de moins de 1000 euros atteint 63,17%. En même temps, on a un déplacement vers le bas quant à la classification des employés aux différents échelons. Les employés avec un salaire de 501 à 600 euros ont augmenté de 13,24%, et les employés avec un salaire de 601 à 700 euros de 10,56%.

En ce qui concerne la «mobilité et la flexibilité» du marché du travail résultant des lois récentes et la crise capitaliste, il est révélateur qu’en 2015 les contrats de travail résiliés par les employeurs -avec les «départs volontaires» et l’expiration des contrats à durée déterminée - ont dépassé le nombre d'employés dans la même année.

Les relations de travail se détériorent rapidement. En 2015, le pourcentage des «relations de travail flexibles» (à temps partiel et par tour) dans les nouvelles embauches était supérieur à 55%, quand en 2009 il atteignait 29% et en 2012 45%. Environ 30% des travailleurs du secteur privé sont sous-employés, tandis que 20% travaillent moins de 20 heures par semaine. Dans tous les cas, ces formes d'emploi flexibles s’appliquent à plus de la moitié des recrutements aujourd'hui, ce qui affecte naturellement le niveau de salaire moyen.

La consommation moyenne des ménages en Grèce a été diminuée de 25% dans la période de 2010 à 2014 et est de 1.460 euros contre 1.950 euros en 2010. Au cours de la même période on observe une variation apparente dans le comportement alimentaire du ménage moyen grec. En particulier, les quantités des produits alimentaires consommés ont été différenciées (par exemple, la consommation de viande et de poisson est réduit de 12%). En 2015, 40% de la population connaissaient des privations matérielles, ce qui représente un accroissement significatif  par rapport à 24% en 2010.

Le taux de chômage global a légèrement diminué au cours des quatre dernières années, mais il reste extrêmement élevé. En 2015 il atteignait 24,9% par rapport à 27,5% en 2013 et 26,5% en 2014. Le nombre de chômeurs reste très élevé, atteignant 1,2 million. Le taux de chômage est très élevé chez les jeunes (15-29 ans) étant supérieur à 40%. Dans le même temps le taux de chômeurs de longue durée est fortement  augmenté (c’est-à-dire les personnes au chômage depuis plus de 12 mois). En 2015, les chômeurs de longue durée étaient 875 000, soit 73,1% de tous les chômeurs, alors qu'en 2012, le taux était de 59% des chômeurs. En outre, les femmes enregistrent des taux de chômage plus élevés que les hommes. En 2015, le taux de chômage chez les femmes était de 28,9% contre 22% chez les hommes. Le taux de chômage chez les femmes est plus élevé que le pourcentage correspondant de 2012, qui était de 28,1%, atteignant les 618 000.

25. Le récent rapport de la Banque de Grèce confirme la position du KKE que l'amélioration de la compétitivité et la politique pour sortir de la phase de crise a été reposé et reposera sur «les faibles coûts salariaux et le cadre institutionnel qui soutient la flexibilité dans le marché de travail », c’est-à-dire la main-d'œuvre pas cher.

Le SEV (Association des industriels grecs) met toujours la priorité à l’implémentation rapide et efficace du programme du 3e Mémorandum, l’accélération des restructurations et privatisations, la réduction des soi-disant «coûts non salariaux», aux plus grandes incitations fiscales pour attirer des investissements privés. En général, la bourgeoisie du pays (SEV, Union des armateurs grecs, Association des banques grecques) et le FMI et l'UE  travaillent dans le même but quant à l’institution des mesures qui augmentent le degré d'exploitation et l’écrasement des droits et des revenus de la classe ouvrière.

Malgré les différences qui existent entre les différents États membres de l'UE, les lignes principales de cette politique sont appliquées fermement partout, les mesures récentes en France et en Italie constituant des exemples éloquents.

26. Le gouvernement SYRIZA - ANEL fait valoir en faisant de la propagande qu’il suit une orientation différente pour la reconstruction productive capitaliste du pays, par rapport aux gouvernements précédents. Il affiche la proposition de «développement équitable», qui comprend les prétendus nouveaux éléments du passage à l'innovation et la qualité, à l'utilisation des connaissances scientifiques et des technologies spécialisées dans l’intérêt de la croissance de la productivité, l'utilisation de l'État bourgeois reconstitué en tant que levier de développement et principalement du « renforcement de la société et du marché ».

Le gouvernement dissimule que l'utilisation des connaissances scientifiques et de l'innovation pour accroître la productivité n’est pas utilisé dans le capitalisme pour améliorer la situation des travailleurs (augmenter les revenus, réduire le temps de travail), mais pour augmenter les profits du capital. Ceci est démontré par le fait que même dans les États qui ont des positions dominantes dans l’exploitation de nouvelles technologies dans la production et qui ne se trouvent pas dans la phase de crise, comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les États-Unis, l'inégalité des revenus augmente rapidement.

La vérité est que la politique du gouvernement non seulement ne conduit pas à une récupération partielle des grandes pertes des couches populaires pendant la crise, mais elle aggrave la situation du peuple. Dans le même temps, les déclarations du gouvernement au sujet d’un État effective cachent que l'État bourgeois fonctionne en faveur du capital et donc les ajustements effectués servent à accroître l'efficacité de ses actions en faveur de celui-ci. Les impôts saignant à blanc le peuple et les réductions des dépenses sociales d’un part, ainsi que l’aide d'État aux groupes nationaux et en général à la rentabilité capitaliste de l’autre part, servent cet objectif.

L'augmentation des impôts indirects, la réduction du seuil fixé pour le paiement de l’impôt, le maintien de l’ENFIA (impôt foncier unifié), la réduction des pensions, l'augmentation des cotisations sociales sont des exemples typiques de l'escalade de l'attaque antipopulaire. En ce qui concerne les travailleurs indépendants et les agriculteurs, la forte augmentation des charges fiscales et d’assurance est combinée à une réduction drastique de leur chiffre d'affaires, ce qui entraîne une grande détérioration de leur position. Au contraire, les groupes monopolistes contribuent moins de 5% aux recettes fiscales annuelles et le gouvernement lance des nouvelles aides d'État à travers la «loi de développement ».

Même une reprise ne va pas absorber le chômage, ni de faire un retour à la période avant la crise en termes des acquis et des droits fondamentaux de la classe ouvrière qui ont été obtenus dans le 20e siècle.

Les développements brisent l'illusion sur la possibilité d’une gestion du capitalisme en faveur du peuple, où l'augmentation de la rentabilité du capital sera compatible avec le bien-être des employés et des travailleurs indépendants.  Il s’avère que «dans les murs» du pouvoir du capital, de l'UE, de l'OTAN, une politique en faveur du peuple n’est pas possible.

Le processus de réforme du système politique bourgeois

27. La réforme du système politique bourgeois s'effectue sous l'influence significative des développements internationales, des contradictions inter-impérialistes, des difficultés de cohésion de l'UE et de l'UEM, des contradictions dans les alliances internationales que la bourgeoisie de la Grèce vise à établir dans le cadre de ses efforts pour gérer la transition vers la phase de récupération après la crise de huit ans des années 2008-2016.

Les forces principales du système politique bourgeois concordent dans les objectifs stratégiques de la bourgeoisie, en résumé relatives aux questions suivantes:

• Le processus de relance de l'économie capitaliste.

• La tentative d’un renforcement du pays sur le plan géostratégique, comme centre de commerce et d'énergie.

• Le renforcement du rôle actif au sein de l'OTAN et l'UE.

• La restauration des positions de la bourgeoisie grecque en Europe du Sud et à la Méditerranée orientale qui ont été touchées au cours des années précédentes de crise.

Les différentes opinions entre les partis bourgeois autour des questions de gestion particulières  ne contestent pas des éléments principaux tels que la nécessité d'accélérer les restructurations antipopulaires, la participation plus profonde aux projets de l'OTAN, la nécessité pour le  relâchement budgétaire et l’aide d'État aux plans d'investissement du capital, etc.

Bien entendu, il ne faut pas que ces objectifs uniformes, l’identification stratégique, dissimulent les contradictions qui existent au sein de la bourgeoisie et qui sont présentes chez tous les partis bourgeois. Ces contradictions -qui s’accentuent objectivement- concernent à la fois les secteurs prioritaires à soutenir de l’économie capitaliste et les choix et les hiérarchies dans les alliances internationaux du capital. Ainsi, quelques parties de la bourgeoisie grecque sont plus proche du centre allemand, d’autres sont plus proche des États-Unis ou de la France (qui a amélioré son influence sur le pays) et d’autres de la Chine, la Russie, etc.

Les forces politiques en Grèce

28. Au cours des deux dernières années, les gouvernements SYRIZA – ANEL se sont avérés plus efficaces pour le capital, la bourgeoisie en général, mais aussi pour ses principaux alliés internationaux. Ce qui est reconnu par la classe bourgeoise et ses alliés internationaux, au delà du rôle décisif du gouvernement de Tsipras dans la législation antipopulaire pour le soutien de la rentabilité capitaliste (un caractéristique qui est en effet commun à tous les partis bourgeois), est sa capacité d'« étiqueter le poisson comme viande». Ils reconnaissent sa capacité à atténuer la résistance du peuple, en se différenciant idéologiquement de la Nouvelle Démocratie, à intégrer dans le système, désorienter, tromper massivement et de façon répétée les couches populaires, quelque chose qui avait eu lieu depuis 1981, sous le premier gouvernement de PASOK.

Ceci est la «carte» essentielle jouée et exploitée par le gouvernement de SYRIZA dans sa confrontation avec les autres partis bourgeois. Bien entendu, cet effort intensifie les contradictions au sein de SYRIZA, bien qu’elles ne se manifestent pas avec la même acuité comme au cours de l'été 2015.

Dans le même temps, SYRIZA fait des efforts pour l’extension au centre-gauche, en bénéficiant de la coopération avec la social-démocratie européenne. Cependant, cette tentative rencontre les rivalités au sein de la social-démocratie et en particulier son vecteur principal en Grèce pendant des décennies, le PASOK. Par exemple, de telles rivalités sont alimentées par le fait que SYRIZA n’a pas réussi à acquérir  une forte influence syndicaliste dans plusieurs lieux, tandis que le PASOK est profondément ancrée dans certaines parties de l'aristocratie ouvrière et des classes moyennes. En dépit de ces compétitions, de divers canaux sont maintenus, dans la perspective d'une composition gouvernementale au futur, par l’extension de la majorité gouvernementale au soi-disant «centre», avec un ton de « centre-gauche » plus claire, abandonnant au fur et à mesure la coopération avec l'ANEL.

La tactique du gouvernement de  s’emparer de manière vulgaire de l'histoire et des luttes du mouvement ouvrier populaire, d’être présenté comme une puissance communiste, une tactique renforcée par les autres partis bourgeois et les médias, est particulièrement dangereuse. Ce manteau idéologique lui permet de piéger des travailleurs qui ont le sentiment de faire partie de la gauche, qui sont d’origine militante. La tentative d’exploiter l’héroïque Résistance de l’EAM, la lutte de milliers de communistes, de militants de gauche, d'autres militants radicaux constitue un élément de cet effort. En même temps, le gouvernement cherche à faire certains modernisations bourgeoises, et ça pas toujours, en les propageant faussement comme radicales, subversives.

29. La Nouvelle Démocratie (ND), l'opposition actuelle, fait des efforts pour être reconnu comme la formation gouvernementale alternative la plus cohérente, ayant le potentiel pour une adhésion plus stable aux objectifs financiers. Au cœur de la confrontation avec le gouvernement se trouve l’approche à l’égard  des restructurations - réformes, les retards, l'accélération de leur mise en œuvre. Néanmoins, il semble qu’elle n’a pas encore le pouvoir de servir comme un choix direct pour le remplacement du gouvernement de SYRIZA.

Des efforts considérables sont déployés récemment pour mettre en place au sein du système politique un nouveau système bipolaire, le SYRIZA d’une part et la ND de l’autre part constituant le noyau central, avec leur satellites - partenaires gouvernementaux disponibles qui sont nécessaires à cet effet. Leur lutte s’intensifie pour savoir qui sera le représentant le plus effective du capital, qui mettra en œuvre plus efficacement la politique antipopulaire des restructurations capitalistes et des directions de l'UE, du FMI, de l'ensemble du quartet.

En ce qui concerne la social-démocratie, l'émergence de SYRIZA comme le pilier essentiel du pays et sa reconnaissance par la social-démocratie européenne crée des difficultés considérables dans les efforts de réforme de la soi-disant «centre-gauche», comprenant la social-démocratie classique (PASOK), la Rivière (POTAMI) et d'autres configurations politiques plus petits. Compte tenu de la difficulté actuelle de cet espace  à jouer un rôle plus indépendant, il y a des luttes et des oscillations  concernant la question de servir, en tant que troisième pôle, d’interlocuteur privilégié de SYRIZA ou de la ND.

Il y a deux tendances différentes:

• D’une part, la tendance à la coopération sous conditions avec SYRIZA, à condition qu’il y ait un virage plus substantiel du dernier au centre, qui sera exprimé aussi par les choix de personnes respectifs. Cette tendance semble être soutenue par des cercles de la social-démocratie européenne.

• D'autre part, il y a une tendance à favoriser la nécessité de l'alliance des forces européennes et réformistes cohérentes qui comprennent également  la ND sous la direction de K. Mitsotakis.

30. Le «courant eurosceptique» en Grèce est actuellement encore en cours de développement. Les sentiments  eurosceptiques, même s'ils existent parmi des forces populaires plus larges et ils font naître des doutes, à travers de divers éléments, quant à l'UEM et l'UE (y compris le référendum en juillet 2015), ils n’ont pas acquis des caractéristiques politiques constantes, ils sont caractérisés par l'incohérence.

Il y a des forces dans tout l’éventail politique du système politique bourgeois suivant cette direction. Le « Trajet de Liberté» (Plefsi Eleftherias) de Z. Konstantopoulou, mais également les opportunistes LAE et ANTARSYA avec quelques satellites plus petits, cherchent à jouer un rôle essentiel. Ces partis et groupes déguisent leur euroscepticisme –avec une gradation entre eux– par quelques slogans anticapitalistes aussi, contribuant ainsi à la désorientation et l’enfermement des éléments potentiellement radicaux dans une version de gestion bourgeoise. Dans l'ensemble, ce sont des forces cherchant à agir comme un barrage à la radicalisation et l’alliance des forces populaires avec le KKE, adoptant essentiellement des positions et des pratiques de SYRIZA, quand ce dernier était encore dans l'opposition. Plusieurs d'entre eux étaient dans les rangs de SYRIZA, l'aidant à devenir gouvernement, ont occupé des fonctions ministérielles ou ont servi en tant que ses acteurs  institutionnels élus, ont contribué à leur manière à donner une excuse pour imposer des politiques anti-ouvrières dures et cultiver massivement des illusions.

31. Il existe également des forces qui ont été détachées de la ND et qui gravitent autour du soi-disant « euroscepticisme ». Les processus au sein de la soi-disant extrême droite ne doivent pas être sous-estimés, même si actuellement ils ont un caractère marginal (par exemple la création de L.E.P.EN. par d'anciens cadres de l’ « Aube Dorée », le parti « Nouvelle Droite » de Failos Kranidiotis, le parti « Unité Nationale » de Karatzaferis et de Baltakos, le parti «Association d’Unité Nationale » de Velopoulos, le parti « Première Ligne » de Plevris, le « Front National », le parti « Assemblée de Grecs » de Artemis Sorras, etc.).

Cet espace est également en cours de formation; le résultat final du procès de l'organisation nazie criminelle « Aube Dorée », ainsi que des procédés  qui se déroulent chez de sections de la ND contribueront à ce processus.

Les criminels nazis inculpés  de l’ « Aube Dorée » continuent, en tant que forces de soutien du système, à verser le venin raciste, menant un anticommunisme primitif. Ils ont des diverses interconnexions suspectes avec des centres et des services étrangères, avec des groupes  sombres. Dans le Parlement ils prétendant d’être une force anti-systémique, en même temps exigeant plus de privilèges et d'exemptions pour des sections du capital et continuant à agir comme des trafiquants des grands employeurs.

Le fait que la direction de l’ « Aube Dorée » fait l'objet de poursuites pénales, alors qu'en même temps elle est acceptée comme un parti parlementaire bourgeois respectable constitue une contradiction apparente qui confirme que la bourgeoisie veut une réserve ayant les caractéristiques de l’ « Aube Dorée » , mais plus modérée, pour être utilisée plus efficacement pour attaquer le mouvement et dans le cadre l'anticommunisme.

Une caractéristique commune des nazis et d'autres forces politiques nationalistes est l'utilisation des grands flux de réfugiés et de migrants, et de l'anxiété qu’ils causent chez des parties du peuple, pour les désorienter au regard de la cause réelle des problèmes et pour diffuser des idées réactionnaires.

32. Au sens large et en conclusion: Il est une question cruciale à faire face de manière plus décisive à la propagande bourgeoise qui accompagne l'effort de réformer le système politique bourgeois et vise à obtenir  le soutien populaire actif.

Il faut faire face à des illusions cultivées systématiquement, notamment que quelque chose positif et dans l’intérêt du peuple peut résulter d’un processus de création de nouveaux partis et de nouvelles alliances gouvernementales. On a par ailleurs l’expérience récente riche du processus de transformation qui a eu lieu pendant la promotion de SYRIZA en tant que réserve gouvernementale pour le système.

Il est également essentiel de dépasser la peur cultivée par rapport à la possibilité d'une instabilité politique, les préoccupations concernant l'existence de gouvernements bourgeois stables et des majorités parlementaires, les appels à un consensus et à la cohésion. Tous ça a pour objet que les travailleurs facilitent par leur attitude -dans le nom de l’unité nationale- la politique antipopulaire, qu’ils acceptent même des changements institutionnels dans une direction réactionnaire.

À propos de la révision constitutionnelle

33. SYRIZA a présenté une série de propositions de réformes institutionnelles de l'État bourgeois, culminant dans la révision constitutionnelle, les éléments clés étant le changement de la loi électorale et l’augmentation des compétences du Président de la République qui soit élu directement par le peuple. Ce sont des interventions qui sont présentées sous la propagande de « l'élargissement de la démocratie », tout en visant à protéger l'État bourgeois et à assurer les conditions pour une alternance gouvernementale sans problèmes. Les propositions des autres partis bourgeois, en dépit de leurs différences, visent également à renforcer le pouvoir civil.

Ces interventions adaptent le système politique bourgeois à la nouvelle situation créée par la crise capitaliste, les difficultés de sa gestion et l'urgence d'accélérer l’aide d'État à la rentabilité capitaliste au détriment des classes populaires. Tout cela a affaibli la capacité des partis bourgeois à intégrer massivement les classes populaires au cadre des gouvernements constitués d’un seul parti et a augmenté la nécessité d'un consensus plus large entre les partis bourgeois en faveur de la mise en place de gouvernements de coalition. Ce qui précède  sous-tende, en grande partie, le long cours de rénovation et d'adaptation du système politique bourgeois aux nouvelles circonstances.

Dans ce sens, une plus grande proportionnalité du loi électorale ne sert pas le renforcement de la volonté populaire, mais vise à agir comme accélérateur d’adaptation du système politique bourgeois aux besoins actuels de formation de gouvernements de coalition, de grands ou petits coalitions, comme ceux formés dans d'autres pays capitalistes, comme l'Allemagne, la Belgique, etc. La proportionnalité augmente objectivement la pression pour un consensus et une coopération plus large entre les partis bourgeois, et atténue les « petits » intérêts et ambitions.

Il en va de même pour la proposition visant à renforcer le rôle du Président de la République, en augmentant ses  compétences réglementaires en cas de difficulté à former le gouvernement, et en le transformant en un point de référence du système politique bourgeois, qui organisera des majorités gouvernementales et de consensus au Parlement. De cette façon, le rôle du Président de la République est relativement renforcé en tant que source de légitimation de l'exécutif et en tant que l'une des constantes de la gouvernance bourgeoise, sans que le Parlement perde le rôle principal.

Dans chaque cas, le système politique bourgeois deviendra plus agressif afin de servir plus efficacement les besoins du capital, la compétitivité et la rentabilité.

Sur la séparation de l'État et de l’Église

34. La question de séparation de l'État et de l’Église ne figure pas du tout dans la révision constitutionnelle proposée jusqu'aujourd’hui par SYRIZA. Le gouvernement soulève –comme « poussière» dans les yeux des gens radicaux - de questions particulières de confrontation avec la hiérarchie de l'Église, qui en contre-attaquant périodiquement glisse vers des positions obscurantistes datant des périodes antérieures de l'existence de l'État bourgeois grec.

Le KKE estime qu’en Grèce la question de séparation de l'État et de l’Église est mûre depuis longtemps, avec tout ce que cela implique pour l'éducation, les procédures rituelles chez des institutions publiques, le mariage civil, l’enterrement civil, la possibilité de crémation, l'attribution du prénom, la question de la propriété de l'Église.

La séparation de l'État et de l’Église et la laïcité de l'État, de l'éducation, de toutes les institutions, était réalisée dans de nombreux pays par la bourgeoisie et son État, même avant la Révolution d'Octobre de 1917 et l'émergence des États socialistes  au cours du siècle dernier.

Le KKE continuera à lutter constamment contre tous les efforts de division du peuple sur la base des convictions religieuses. La conscience religieuse est une forme de conscience sociale dans les sociétés de classe, dans les conditions du système capitaliste, et elle survit très longtemps dans des conditions de construction socialiste. Elle ne peut pas être éliminée par décret ou par loi.

La position constante du KKE sur ces questions consiste d'abord à protéger le droit de la liberté religieuse, à ne pas poursuivre  la foi religieuse ou l'athéisme, et à assurer l'égalité de traitement indépendamment des croyances religieuses. Dans le même temps, le KKE plaide pour l’assurance de la possibilité de mener un débat idéologique - philosophique autour des questions liées à la fois à la religion en tant que phénomène social et à diverses religions du monde et leur histoire. Dans cette discussion, le KKE intervient en luttant systématiquement contre l'irrationalisme et la pensée métaphysique et en défendant l'interprétation dialectique de la nature et de la société, le matérialisme dialectique et historique.

Sur l'administration locale et régionale

35. L'administration locale et régionale en tant qu’institution de l'État bourgeois qui est structuré objectivement plus proche des masses ouvrières et populaires, a joué tout au long de la crise capitaliste un rôle important dans l'intégration des travailleurs aux besoins du système bourgeois. Ses fonctions ont été adaptées aux nouvelles données de connexion à l'administration centrale (le gouvernement) afin de servir de manière uniforme la stratégie générale du capital, et d’intégrer les masses ouvrières et populaires à travers de divers programmes et interventions. Dans cet effort l'axe de la politique sociale, les divers programmes de l’UE et d’autres visant à « lutter contre la pauvreté et le chômage » ont été utilisés à grande échelle. De nombreux types de structures ont été créés, soit indépendamment ou avec la contribution des ONG, des volontaires, des « coopératives sociales » etc. qui sont inclus dans la « politique de l'économie sociale ». SYRIZA, avec ses forces gouvernementales et de parti, joue un rôle de premier plan dans ce sens.

Les réformes dans l'administration régionale et locale ont contribué à la discipline budgétaire, l'élargissement de l'imposition antipopulaire, la commercialisation des services et des biens, le renversement des relations et des droits de travail. Elles sont soutenues par l'ensemble du personnel politique bourgeois qui y serve.

Le meilleur suivi détaillé de l'action des autorités municipales et régionales, des forces politiques bourgeoises y travaillant est toujours nécessaire. La confrontation avec la politique de l’administration locale et régionale se fonde sur les problèmes populaires et leur aiguisement dans le cadre de l'attaque du capital, et doit souligner le caractère de classe de l'État et de ses institutions locales.

Sur l' «Économie sociale et solidaire»

36. Le système politique bourgeois, de manière plus marquée au cours des dernières années, présente le secteur de l’« Économie sociale et solidaire» comme étant le «troisième secteur» de l'économie, après le secteur public et le secteur privé, qui prétendument  assume des activités en tenant compte non seulement des profits, mais aussi des besoins sociaux aiguisés.

L’« Économie sociale et solidaire» vise à « innocenter» la route capitaliste de développement, en présentant prétendument la possibilité d'avoir des activités économiques au sein du capitalisme dont le seul but est de satisfaire les besoins sociaux. C’est un terme trompeur, à la fois parce que les secteurs public et privé dans le capitalisme répondent aux besoins de la reproduction élargie du capital social, et parce qu’au sein du capitalisme toute activité privée n’ayant pour bût le profit est sans importance économique.

L'«Économie sociale et solidaire» est utilisée par l'État bourgeois comme un mécanisme pour réduire davantage les prestations sociales de l'État, en transférant la responsabilité d'un nombre d'activités à elle. Avec les Municipalités et les Régions servant de vecteurs essentiels, elle contribue principalement à disculper les entreprises. Entre autres choses, elle se développe dans les domaines des services sociaux,  en lieu et place de  la nécessité des embauches massives permanentes et des mesures de soutien supplémentaires des chômeurs. Elle aide à éliminer des droits du travail et d’autres droits des travailleurs, en utilisant le «volontariat», qui bien sûr n'a rien à voir avec la solidarité populaire et la véritable offre volontaire.

Dans le même temps, l' «économie sociale» ne concerne pas uniquement  les prestations sociales de l’État, mais à travers des « entreprises coopératives sociales» elle s’étend à de nombreux secteurs de l'économie (par exemple le secteur de la construction) et est utilisée comme un mécanisme de réduction temporaire du chômage élevé. Essentiellement, l’«économie sociale» sert comme un levier additionnel  pour la détérioration des relations de travail et une nouvelle augmentation du degré d'exploitation, avec le travail «volontaire», les horaires extensifs et les bas salaires des travailleurs dans ce domaine, au nom du «caractère social» de ces activités. Dans le cadre de l’UE, un « Corps européen de solidarité » est mis à place de 100.000 volontaires pour la «répondre aux situations de crise» dans ses États membres.

Dans l'ensemble, la position du Parti que le système politique bourgeois dispose encore des possibilités de fermer les fissures est confirmée, dans la mesure où le mouvement ne le menace pas de manière uniforme par son organisation, sa massivité et la direction de sa lutte. La principale conclusion est que la lutte du mouvement ouvrier-populaire doit être dirigé entièrement contre la bourgeoisie et ses partis, pas seulement contre la majorité gouvernementale chaque fois.