Chers Camarades,
Dans notre pays, la crise capitaliste (2009-2016) est profonde et prolongée. Pendant toute sa durée, tous les gouvernements bourgeois ont mis en œuvre la politique de gestion qui, en coopération avec l'Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) - la fameuse Troïka -, a consisté à faire reposer sur les épaules de la classe ouvrière et des couches populaires le poids de la crise, dans une stratégie d'accroissement de la compétitivité et de la rentabilité des grandes entreprises.
Le parti libéral Nouvelle Démocratie et le parti social-démocrate PASOK ont mis en œuvre deux mémorandums et des mesures antipopulaires très dures, qui ont provoqué une forte indignation populaire. Dans un contexte de pauvreté et de chômage élevés, les illusions ont grandi sur le choix « du moindre mal » et les fausses attentes cultivées par SYRIZA, ce parti opportuniste avec une étiquette « de gauche », « mélange » de renégats du mouvement communiste et de fonctionnaires du PASOK social-démocrate, qui a formé un gouvernement avec le parti nationaliste ANEL (« Grecs indépendants »).
SYRIZA est arrivé au gouvernement en janvier 2015, avec le soutien de secteurs puissants du grand Capital. Il a démontré dans la pratique qu'il est un parti social-démocrate qui sert les intérêts des monopoles, qui met en œuvre une ligne politique antipopulaire très dure, qui utilise tous les moyens à sa disposition pour tromper notre peuple et qui à l'étranger, se présente comme étant une force de résistance, pour tenter d'induire en erreur les peuples avec des faux slogans de gauche.
Le gouvernement SYRIZA-ANEL, avec l'appui des autres partis bourgeois, a signé le troisième mémorandum par lequel il met en œuvre la stratégie du Capital, les restructurations capitalistes réactionnaires de l'UE, en vue d'intensifier le taux d'exploitation de la classe ouvrière, la liquidation des agriculteurs et la faillite des couches moyennes urbaines.
Récemment, le gouvernement a fait adopter de sévères lois antipopulaires par le Parlement, démantelant les droits du peuple-travailleur, afin que soit évaluée avec succès par la Troïka la mise œuvre du troisième mémorandum.
Il a attaqué le système de Sécurité sociale, drastiquement réduit les pensions, reculé l'âge de la retraite.
Il a imposé des impôts directs et indirects insupportables pour le peuple.
Il a privatisé les ports et les aéroports et il procède à la privatisation des entreprises d'importance stratégique en matière d’énergie, d'eau, etc.
Il poursuit le chemin des gouvernements précédents, maintenant les lois qui ont aboli les conventions collectives et ont considérablement réduits les salaires, promouvant des mesures pour abolir les droits du travail, renforçant les formes flexibles de travail, utilisant la répression contre les luttes ouvrières.
Le chômage est supérieur à 25 %, et au-dessus de 50 % dans la jeunesse ; au lieu de soutenir les chômeurs, il donne des avantages considérables aux entrepreneurs.
Ces jours-ci, dans le cadre de la deuxième évaluation du troisième mémorandum, le gouvernement SYRIZA-ANEL se prépare à imposer de nouvelles mesures sévères contre les travailleurs, des licenciements massifs, des lock out, des restrictions sur le droit de grève, etc.
La ligne politique de classe du gouvernement SYRIZA-ANEL implique le financement des grandes entreprises, de nouvelles exonérations fiscales pour le grand Capital, etc.
En ce moment, il fait la promotion du soi-disant développement capitaliste «juste», un outil pour induire le peuple en erreur.
Il est possible que l’on observe une croissance économique faible, mais l'essentiel, c’est que cette croissance sera antipopulaire, car elle aura comme critère l'augmentation des profits de monopoles ; elle sera fondée sur la destruction des droits et formera les conditions pour une nouvelle crise économique.
Nous notons que les orientations et les mesures antipopulaires mises en œuvre en Grèce à travers les mémorandums font partie de la stratégie antipopulaire plus générale de l'UE, stratégie promue de diverses manières dans tous les pays de l'Europe, indépendamment du fait que l’on ait imposé ou pas un un mémorandum, indépendamment du fait que ce soient les partis libéraux ou sociaux-démocrates qui soient au gouvernement.
La propagande bourgeoise sur « l'acquis communautaire » de l'UE est réfutée par la réalité capitaliste du chômage élevé, du sous-emploi et de la pauvreté, de l'intensification du travail, etc.
Le gouvernement SYRIZA-ANEL suit également une politique étrangère très dangereuse. Il fait la promotion des intérêts des monopoles, imbriquant systématiquement le pays dans les plans impérialistes, avec la politique de « mise en valeur géostratégique de la Grèce ».
Il fournit des bases militaires pour les besoins agressifs des États-Unis et de l'OTAN dans les guerres en Syrie, en Libye et en Irak. Il maintient des forces militaires dans les expéditions impérialistes à l'étranger ; il développe une plus grande coopération militaire avec Israël ; il a invité les forces de l'OTAN dans la mer Égée ; il participe à la mise en œuvre des récentes décisions très dangereuses du sommet de l'OTAN à Varsovie.
Les guerres impérialistes arrachent de leurs foyers des millions de réfugiés et d'immigrants et piègent des milliers de familles de persécutés en Grèce, où elles vivent dans des conditions misérables alors qu’elles veulent aller dans d’autres pays européens. Dans ces conditions, le KKE se tient sur une position de principes internationalistes, luttant contre les guerres impérialistes, condamnant la politique répressive de l'UE, se trouvant au côté des réfugiés et des immigrants, contribuant à l'organisation de la solidarité populaire, affrontant le racisme, la xénophobie de l'organisation fasciste criminelle « Aube Dorée ».
L’expérience confirme une nouvelle fois, avec la ligne politique antipopulaire de SYRIZA, que les soi-disant gouvernements de gauche social-démocrates sont un choix du Capital pour faire faire le « sale boulot », pour faire avancer les politiques qui servent les intérêts des monopoles, et intégrer le mouvement ouvrier et populaire à ses objectifs.
L'exemple de SYRIZA et de nombreux autres, démontrent que les soi-disant « gouvernements de gauche » sont des mécanismes de gestion et de reproduction de l'exploitation capitaliste. Ils sèment des illusions sur l'humanisation du capitalisme, et une attente dangereuse dans le fait que l’on puisse résoudre les problèmes des masses populaires et satisfaire leurs besoins dans les conditions de l'exploitation capitaliste.
L’expérience montre que ces gouvernements limitent le véritable radicalisme de la classe ouvrière. Leur politique antipopulaire a échoué aux yeux des peuples, renforçant l’opinion « qu’ils sont tous les mêmes ». Leurs politiques renforcent les forces conservatrices et mènent au retour des gouvernements de droite.
L’exemple des « gouvernements de gauche » en Europe et en Amérique latine confirme cette analyse.
Les partis communistes qui participent ou soutiennent des gouvernements bourgeois,fournissent un alibi à la social-démocratie. Leur position est utilisée de diverses manières pour piéger la classe ouvrière dans le cadre de la gestion capitaliste, pour réduire les revendications des masses populaires et retarder la lutte anticapitaliste.
Les Partis communistes qui ont soutenu ou continuent de soutenir SYRIZA, portent une lourde responsabilité. Leur position est utilisée dans l’attaque contre notre peuple, et est dirigée contre la lutte du KKE et du mouvement de classe.
Le KKE a toujours été fidèle au principe de l'internationalisme prolétarien de manière très responsable. Il soutient les luttes de la classe ouvrière contre le Capital et le capitalisme. Il exprime sa solidarité internationaliste avec les peuples d'Amérique latine, d’Asie, d’Afrique, avec les peuples de tous les coins de la planète.
Aujourd'hui, des conclusions importantes peuvent être tirées concernant la position de principe du KKE révélant le rôle de la nouvelle social-démocratie, soulignant combien il est dangereux et destructeur pour un parti communiste de participer à un gouvernement bourgeois.
Le KKE est en première ligne d'une lutte difficile, cherchant chaque jour à renforcer ses liens avec la classe ouvrière, les paysans pauvres, les travailleurs indépendants des villes, les femmes et les jeunes des familles populaires.
Les organisations du parti, les organisations de jeunesse communistes (KNE) exercent une activité politique et idéologique constante, livrent bataille dans les usines, dans les lieux de travail et dans les quartiers populaires pour organiser la lutte de la classe ouvrière et des masses populaires. Ils mettent l'accent en particulier sur la construction du parti dans les usines, dans les secteurs stratégiques de l'économie. Ils affrontent leurs faiblesses et leurs lacunes.
Les forces du Parti, les amis du Parti, la KNE et ses amis, ont organisé tout au long de cette année des centaines de manifestations de masse pour le 100ème anniversaire du KKE, qui aura lieu en 2018 ; des événements très importants ont eu lieu pour le 70ème Anniversaire de la fondation de l'«Armée démocratique de Grèce » (DSE) et de sa lutte héroïque lors de l'affrontement contre la classe bourgeoise, l'impérialisme britannique et américain dans la guerre civile, dans la magistrale lutte armée de 1946-1949.
Les hommes et les femmes communistes soutiennent les luttes du Front Militant de Tous les Travailleurs (PAME), le mouvement sur des positions de classe auquel participent des dizaines de fédérations, de centres de travail et des centaines de syndicats et de comités de lutte, des milliers de syndicalistes.
Particulièrement importante est l’initiative des forces de classe, à travers laquelle des centaines d'organisations syndicales organisent leur lutte pour l’abolition des mesures anti-ouvrières, pour des conventions collectives de travail satisfaisantes, pour la récupération des pertes dont ont souffert les travailleurs pendant la crise.
Les militantes et les militants communistes jouent un rôle de premier plan dans la lutte des paysans pauvres et moyens, les travailleurs indépendants des villes, des jeunes et des femmes.
Une question clef, c’est que la lutte idéologique, politique et de masse, montre du doigt le véritable ennemi, la classe bourgeoise et son État, et ne se limite pas aux partis et aux gouvernements bourgeois, qu’elle contribue au développement de la conscience de classe.
À travers la lutte quotidienne, les grèves, les manifestations, les occupations, les dizaines de mobilisations multiformes, le mouvement de classe peut mesurer les résultats en termes d’organisation de la classe ouvrière. Cela contribue à la croissance du niveau d’exigences des travailleurs pour renforcer le front contre le Capital, contre la ligne politique antipopulaire du gouvernement et des autres forces bourgeoises, et pour renforcer la confrontation avec le syndicalisme patronal et gouvernemental (le syndicalisme jaune - N.d.T), et l’idée dangereuse du consensus et de la collaboration de classe entre les exploiteurs et les exploités.
Les hommes et les femmes communistes luttent pour le regroupement du mouvement syndical, pour renforcer la ligne de lutte de classe, pour donner un caractère de masse aux syndicats, et que ceux-ci acquièrent de fortes bases sur les lieux de travail, pour renforcer la ligne de lutte sur une orientation et sur les exigences liées aux besoins contemporains des travailleurs et des masses populaires, pour changer le rapport des forces.
Un mouvement ouvrier fort sera le cœur d'une grande alliance populaire de la classe ouvrière, des paysans pauvres et moyens, des travailleurs indépendants des villes. Une alliance qui réunira et mobilisera les forces organisées, qui interviendra de manière décisive dans les luttes quotidiennes avec une orientation antimonopoliste-anticapitaliste, visant au renversement de la barbarie capitaliste et à la conquête du pouvoir des travailleurs.
Le peuple grec sera libéré une fois pour toute du joug de l'exploitation capitaliste et des organisations impérialistes, lorsque la classe ouvrière et ses alliés réaliseront la révolution socialiste et procéderont à la construction du socialisme-communisme.
Le changement révolutionnaire en Grèce sera socialiste. Ceci est objectivement nécessaire. Le fait que le rapport des forces soit aujourd'hui négatif, qu'il y ait un retard dans le facteur subjectif, ne change pas le caractère de la révolution.
Les forces motrices de la révolution socialiste seront la classe ouvrière en tant que force dirigeante, le semi-prolétariat, les couches populaires urbaines opprimées du secteur indépendant, et les paysans pauvres.
Le KKE, dans des conditions non-révolutionnaires, consacre ses forces à la préparation du facteur subjectif pour qu'il puisse répondre à ses obligations historiques quand une situation révolutionnaire se créera - quand ceux du haut ne peuvent plus continuer à gouverner de la même manière et que ceux d'en bas ne veulent plus continuer à être gouvernés comme avant, etc.
Les points de vue (à l'intérieur du mouvement communiste international) qui sous-estiment la lutte antimonopoliste-anticapitaliste et la nécessité d'une préparation complète pour le renversement du Capital, ne tiennent pas compte de la possibilité d’aiguisement des événements, et du fait que se manifeste une situation révolutionnaire, qui comme phénomène objectif peut se développer dans les conditions de crise capitaliste et de guerre impérialiste.
Nous devons apprendre de l'expérience historique qui a démontré que les Partis Communistes ne se sont pas préparés pour les conditions de l'escalade de la lutte des classes, et n’ont pas pu remplir leurs tâches historiques.
Chers Camarades,
Il est bien connu que le mouvement communiste fait face à une crise politique, idéologique et organisationnelle, qu’il a été sérieusement affecté par la contre-révolution, et par la forte influence de l'opportunisme dans ses rangs.
Après la restauration du capitalisme en Union soviétique et dans les États de l'édification du socialisme en Europe centrale et orientale, la prédominance des rapports capitalistes de production en Chine, le renforcement des relations capitalistes au Vietnam et à Cuba, les conditions en R.P.D. de Corée, la situation du mouvement communiste international s’est détériorée.