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Intervention du Secrétaire Général du KKE Dimitri Koutsoumpas XVIIe Rencontre Internationale des Partis Communistes et Ouvriers Istanbul 20 oct. - 1er nov. 2015

Chers camarades,

 

Nous sommes particulièrement heureux d'être avec vous, pour cette XVIIe Rencontre Internationale des Partis Communistes et Ouvriers à Istanbul (IMCWP, initiales anglaises).

 

En particulier, je tiens à souligner les liens inébranlables entre les mouvements communistes des deux peuples voisins, du peuple grec et du peuple turc.

 

En outre, nous tenons à exprimer notre gratitude au Parti Communiste en Turquie qui accueille cette rencontre.

 

Nous exprimons notre entière solidarité avec la lutte du peuple turc, notre soutien aux familles des victimes de la provocation meurtrière qui a provoqué des centaines de morts et de blessés à Ankara alors qu’elles manifestaient pour la justice et la paix.

 

Récemment, l'humanité a centré son attention sur la mer entre la Turquie et la Grèce. On a vu des milliers de personnes qui cherchaient à franchir par tous les moyens la Mer Égée, pour atteindre quelque ile grecque depuis la côte turque, dans l’espoir de rejoindre ensuite d'autres pays européens à la recherche d'un « avenir meilleur ».

 

Ce "passage" s’est révélé fatal pour des milliers de personnes, pour de nombreux enfants, qui ont péri en luttant contre les vagues. Mais ce qui a conduit beaucoup de gens à quitter leurs foyers a un nom. C'est la barbarie capitaliste qui génère crises économiques, pauvreté et chômage, guerres et interventions impérialistes.

 

Le KKE lutte contre les causes qui conduisent à des vagues de réfugiés et d’immigrants ; il lutte contre le nazi-fascisme et ses actuels représentants en Grèce qui cherchent notamment à utiliser le thème majeur des vagues d'immigrants pour promouvoir le nationalisme, la xénophobie et le racisme dans le peuple.

 

Notre parti appelle le peuple, le mouvement ouvrier et populaire à être vigilants, à renforcer la solidarité avec les immigrants et les réfugiés, et exiger:

 

-       La cessation des interventions et des guerres impérialistes de l'UE, de ETATS UNIS et de l'OTAN. Aucune participation de la Grèce dans celles-ci !

-       L'abolition des règlements de Dublin, de l'Accord de Schengen, de Frontex et de tous les mécanismes répressifs de l'UE.

-       Non aux mesures de répression aux frontières de l'UE.

-       Transfert immédiat des îles et des points d'entrée vers les pays de destination finale, sous la responsabilité de l'Union européenne et des États-Unis.

-       La création de centres d'accueil et d’hébergement décents. L’augmentation du personnel et de l'infrastructure pour le sauvetage, l'enregistrement et l'identification, le logement, l'alimentation, les soins de santé et le transport des îles aux points de sortie du pays.

 

Chers camarades,

 

Notre région, la région qui est entre l'Europe et l’Asie, la mer Noire et le Moyen-Orient, la région de la Méditerranée orientale, attire comme un aimant des centaines d'avions et d’engins de combat, ainsi que tout type de matériel militaire.

 

Des forces militaires de dizaines de pays, des membres et des non membres de l'OTAN, prennent part à des exercices militaires et certains d'entre eux ont déjà participé aux combats en Syrie, Irak, Ukraine etc. Tout ce que nous décrivons est seulement "la pointe de l’iceberg" de contradictions inter-impérialistes intenses et dangereuses pour les peuples.

 

Ces contradictions concernent le contrôle des matières premières, des voies pour le transport des marchandises, des parts de marché. En bref, cela concerne les profits capitalistes qui sont la "force motrice" de la société capitaliste. Une société qui repose sur l'exploitation de l'homme par l'homme.

 

Au cours des dernières années, en raison des conséquences des contre-révolutions dans les pays construisant le socialisme, mais aussi de la crise capitaliste qui "a redistribué les cartes " à cause du développement inégale du capitalisme, les contradictions interimpérialistes s'intensifient. Le fameux soi-disant "monde multipolaire" n'est autre que le monde de durs affrontements interimpérialistes se développant avec des moyens économiques, diplomatiques, politiques et militaires, car, comme on le sait, "la guerre est la suite de la politique par d'autres moyens".

 

Nous savons tous qu'en Ukraine a lieu une intervention ouverte des États-Unis, de l'UE et de l'OTAN, dans le cadre de leur compétition avec la Russie, tandis que les relations antérieures de coopération socialiste et d'intégration dans l'Union soviétique étaient déjà renversées. C’est une intervention appuyée par les forces nationalistes, voire ouvertement fascistes, qui a conduit le pays à l'effondrement et à d’effrayantes effusions de sang.

 

Nous voyons un développement similaire dans la région du Moyen-Orient, où il y a eu une tentative de détourner et d’exploiter l’aspiration du peuple à des droits sociaux et démocratiques. On a utilisé comme véhicule le soi-disant "Printemps arabe" pour "recomposer" les alliances internationales dans la région, et éventuellement pour mener à bien certaines modernisations bourgeoises. Les États-Unis, l'UE et leurs "alliés" dans la région, comme les régimes autoritaires dans le Golfe et la Turquie, ont appuyé et entraînés les djihadistes de "l’État islamique", pour promouvoir leurs plans.

 

La même chose est vraie pour la situation en Syrie, où après l'UE, les États Unis et l’OTAN le nœud des antagonismes est encore compliqué par la Russie. Derrière l'odeur de poudres, l’ensemble de la région du Moyen-Orient et de la Méditerranée orientale est menacé. Le risque existe que toute la région puisse exploser.

 

Ce sont précisément ces grandes contradictions dans la région qui augmentent les dangers d'une généralisation des conflits militaires, car dans l’ensemble de notre région des centres impérialistes comme les Etats Unis, l'OTAN, l'UE, d’anciennes et nouvelles puissances émergentes tels que la Russie, la Chine, la Turquie, Israël, les monarchies arabes du Golfe sont en conflit, avec un danger réel d'un plus grande engagement d'autres pays comme la Grèce.

 

En seulement 7 mois d’existence, le gouvernement SYRIZA-ANEL a proposé aux Etats Unis et à l'OTAN la création d'une nouvelle base à Karpathos, la création d'une unité multinationale de commande et de contrôle de l'OTAN en Crète, ainsi que l'élargissement et renforcement de la base de Suda.

 

Voilà que maintenant il est prêt à accepter la demande des Etats Unis pour que les fameux drones de la force aérienne des Etats Unis, stationnent sur le territoire grec, précisément en Crète, pour bombarder la région et provoquer, bien entendu, de nouvelles vagues de réfugiés et d’immigrants. A nouveau ce sont les peuples, et le peuple grec, qui en payeront le prix.

 

La question de la Zone Economique Exclusive souligne avec encore plus de clarté la confrontation féroce entre les puissances impérialistes, anciennes et nouvelles, faisant courir  encore plus le danger pour notre pays d'être impliqué dans une guerre impérialiste à côté de l’une ou l'autre alliance prédatrice.

 

La participation des gouvernements grecs à ces plans, sert les intérêts du capital grec qui veut augmenter sa part dans la nouvelle répartition des marchés, c’est à dire sa part du vol effectué contre les peuples.

 

Le Gouvernement grec, au nom de la bourgeoisie grecque, le Capital grec, avance l'objectif de transformer la Grèce en centre énergétique, et donc de l’impliquer dans la concurrence pour les voies de transport de l'énergie et des pipelines comme le TAP (Gazoduc Trans Adriatique).

 

Nous ne pouvons comprendre réellement ces événements et, ce qui est important, examiner ce qu’il nous faut faire, si nous ne prenons pas en compte un certain nombre de facteurs :

 

Par exemple, le caractère synchronisé de la crise capitaliste dans la dernière décennie, qui a touché des États capitalistes puissant. Il est douteux qu’ils puissent revenir à une reproduction élargie dynamique du niveau antérieur à la crise. C'est une crise due à la nature du système capitaliste et qui montre ses limites.

 

Dans ces conditions les repositionnements dans le rapport des forces entre États capitalistes s'accélèrent. De nouvelles puissances apparaissent qui cherchent à redistribuer les marchés en leur faveur.

 

Elles cherchent à le faire en utilisant tous les moyens disponibles, économiques, diplomatiques, avec des engagements et des accords fragiles, mais lorsque cela n'est pas possible, elles utilisent des moyens militaires. C'est ainsi que fonctionne le capitalisme, le système d'exploitation.

 

Que "la guerre est la poursuite de la politique par d'autres moyens" reste absolument vrai. Quand le système, la classe dominante, ne peut utiliser une autre méthode pour servir ses intérêts prédateurs, il recourt à la guerre ouverte. Ceci a été démontré à de nombreux moments dans l'histoire.

 

Il ne faut pas oublier que avant les deux guerres mondiales, avaient éclaté de grandes crises capitalistes de caractère mondial.

 

C'est une énorme inexactitude historique ce qui est dit et s'écrit dans les livres d'histoire, dans ceux  d'économie politique bourgeoise, ce que l’on enseigne dans les écoles et les universités, ce que soutiennent plusieurs forces sociale-démocrates comme SYRIZA en Grèce, et des forces opportunistes dans le mouvement communiste : à savoir que la grande crise capitaliste de la période 1929-1932 aurait été résolue grâce à la gestion keynésienne ! C’est un argument utilisé pour justifier leur propre formule de gestion anti-populaire, leur stratégie anti-populaire, comme celles de SYRIZA dans notre pays !

 

En réalité, la crise a finalement été surmontée par les énormes destructions de forces productives pendant la deuxième guerre mondiale et après que l'économie est été d’abord orientée  vers l'industrie militaire.

 

Ces questions ne sont pas théoriques et universitaires. Ce sont des sujets qui doivent être étudiés et compris, en premier lieu, par les jeunes. Ce sont des expériences historiques qui doivent être utilisées pour voir comment la situation évolue aujourd’hui et ce qu’il faut faire pour se débarrasser de cette barbarie.

 

Le système capitaliste, surtout aujourd'hui dans sa phase supérieure et ultime, l'impérialisme, ne peut rien offrir de positif aux travailleurs, aux peuples,  mais seulement une intensification de l'exploitation de classe, de l’oppression, de la barbarie nue, des crises économiques et des guerres.

 

Tout cela montre aux peuples du monde une grande vérité : la crise capitaliste et la guerre impérialiste vont main dans la main.

 

C'est pourquoi est très important aujourd'hui le mot d’ordre "Le peuple et particulièrement la jeunesse ne doivent pas faire couler de sang pour les intérêts du capital, des exploiteurs".

 

Et en ce qui concerne les travailleurs de nos pays, ils ne sont pas protégés par la participation de nos pays aux organismes impérialistes, comme l'OTAN et l'UE, qui sont acceptés par tous les partis bourgeois libéraux et sociaux-démocrates, de gauche et de droite, et en Grèce, cela inclus les partis depuis la ND, SYRIZA jusqu'à l'Aube Dorée nazie.

 

Ils ne sont pas protégés par la logique développée par plusieurs partis, comme quoi le peuple devrait choisir un impérialiste, choisir un bloc de puissances impérialistes et un bloc d'alliances géopolitiques internationales. Une chose est, c’est complètement différent, pour le pouvoir du peuple travailleur d’utiliser les contradictions et les divers intérêts des États capitalistes, et s’en est une autre que de se lier soi-même à une alliance impérialiste, une union d'États capitalistes, avec l'illusion que cela peut profiter à la classe ouvrière et au peuple, et à la perspective du pouvoir populaire, du socialisme.

 

Nous estimons que le mouvement communiste doit utiliser les contradictions interimpérialistes afin d'affaiblir les alliances impérialistes, de déstabiliser le pouvoir capitaliste dans son pays ou dans un autre pays, s’il est agresseur ou s’il est attaqué.

 

Pour qu'un parti communiste utilise correctement les contradictions interimpérialistes, il ne doit pas être prisonnier des plans de quelque centre impérialiste que ce soit, il doit défendre les intérêts vitaux de la classe ouvrière dans son pays, dans la région et au plan international.

 

C’est dans ce sens, que le KKE entend souligner largement les conséquences, pour la classe ouvrière et le peuple, découlant de la participation de notre pays aux unions impérialistes, à leurs interventions, à la guerre impérialiste. Nous luttons contre les déclarations nationalistes irrédentistes, pour isoler les forces fascistes ainsi que les partisans de l'euro-atlantisme, tous ceux qui travaillent pour la création d'une "courant favorable à la guerre".

 

Notre parti pose directement la question du retrait de la Grèce de toutes les alliances impérialistes, comme l'OTAN et l'UE, en soulignant que cela peut être assuré par le pouvoir du peuple travailleur, par la voie de développement socialiste.

 

En même temps nous soulignons que la lutte pour la défense des frontières, des droits souverains de la Grèce, depuis le point de vue de la classe ouvrière et des couches populaires est inextricablement liée à la lutte pour le renversement du pouvoir du capital et, bien entendu, n'a rien à voir avec la défense des plans d’un pole impérialiste ou d’un d'autre, de la rentabilité d'un groupe monopoliste ou d'un autre.

 

La classe ouvrière, les secteurs populaires et la jeunesse, à notre avis, n’ont qu’une seule option : ils doivent mettre fin au système qui donne lieu à l'exploitation, aux crises et aux guerres, diriger les forces militantes rebelles vers le renversement du capitalisme et la construction de la nouvelle société socialiste.

 

Chers camarades,

 

Aujourd'hui la bourgeoisie, profitant du rapport des forces internationale, mène une offensive  idéologique visant à obtenir non seulement la tolérance passive, mais le soutien actif des masses ouvrières et populaires aux plans impérialistes, sur les questions concernant les interventions et les guerres impérialistes.

 

Outre la question de la défense de la "patrie", sont utilisés divers prétextes comme "la promotion de la démocratie", "les raisons humanitaires", "la guerre contre le terrorisme", "la lutte contre la piraterie", "la non-prolifération des armes de destruction massive", "la prévention des flux d'immigrants et réfugiés", "la protection des minorités religieuses et nationales" etc.

 

Il existe malheureusement des forces qui s’autoproclament "de gauche", "progressistes", favorables aux travailleurs, et qui acceptent ces prétextes impérialistes.

 

Nous estimons que les forces qui participent au "Parti de la Gauche Européenne" et ont voté en faveur de l'intervention de l'OTAN en Libye, qui ont accepté les arguments des impérialistes concernant la Syrie portent de lourdes responsabilités. Elles avaient eu la même attitude lors des interventions impérialistes antérieures en Yougoslavie, Afghanistan et en Irak.

 

Dans le conteste où s’intensifient les contradictions interimpérialistes, les travailleurs ne doivent pas être leurrer sur la possibilité d'éviter le danger de guerre par l'intermédiaire de "tables rondes", de "systèmes de sécurité régionale". Les événements en Syrie, en Ukraine etc. montrent que "la voie pacifique" pour résoudre le problème du partage des marchés est parfois fermé pour le capitalisme, l'impérialisme. Alors il existe une seule "sortie": un nouveau partage des marchés et des sphères d'influence par la violence, les conflits militaires, de nouvelles guerres impérialistes.

 

Le mouvement communiste doit maintenir une position idéologique et politique de classe résolument indépendante et lutter contre toute tentative visant à l’intégration des peuples aux objectifs des bourgeoisies, qu’elles soient "anciennes" ou "émergentes".

 

Il est particulièrement important que le mouvement communiste présente un "front" idéologico-politique ferme contre toute puissance impérialiste, indépendamment de la manière dont elle se présente.

 

Chers camarades,

 

Il nous faut tenir compte du fait que sur le terrain de la concurrence féroce qui alternativement prend les aspects d'une guerre économique, politique ou diplomatique, il y a la confrontation sur le Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l'Investissement (TTIP). Le TTIP progresse très lentement étant donné que des secteurs de la bourgeoisie allemande et française considèrent que les propositions de Etats Unis sont un "cheval de Troie" pour assurer l'hégémonie des Etats Unis en Europe à moyen terme.

 

Les actions récentes des Etats Unis révélant le scandale des émissions polluantes de "Volkswagen" et les actions antérieures similaires sur la divulgation des fonds illégaux de "Siemens" par les Etats Unis, sont des exemples de l'aggravation de la concurrence entre les Etats Unis et l’Allemagne dans le domaine de l'économie. Il est de plus en plus évident que s'intensifie la pression des Etats Unis sur l’Allemagne pour faire avancer le projet de Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement.

 

Un autre "front" est le conflit qui se déroule au sein de l'Union Européenne autour du thème de l’approfondissement, ou non, de l’unification capitaliste, où la France, l’Italie ainsi que plus discrètement la Grande-Bretagne (à moyen terme), disputent la primauté à l’Allemagne.

 

En outre, la confrontation des USA-UE avec la Russie sur la question ukrainienne est un sujet majeur particulier, lié aux politiques énergétiques en Europe et en général.

 

Une autre importante question est l'exacerbation des contradictions entre les Etats Unis et la Chine, dans la première phase au niveau économique, bien qu’il existe une activité intense au niveau militaire pour le contrôle du Pacifique.

 

Dans ce contexte l’aiguisement de la concurrence entre les États capitalistes les plus forts et les moins forts, une série de contradictions et de conflits pour la détermination des droits souverains dans la région de la Méditerranée orientale riche en gisements d'hydrocarbures, reste sans solution. Des exemples typiques sont la guerre entre Israël et le Liban, la question chypriote, la question palestinienne et le caractère contradictoire des relations entre Israël et la Turquie.

 

Tout cela fait courir le danger d'une confrontation impérialiste généralisée au Moyen-Orient, en Eurasie et dans le monde entier en général, et à juste titre préoccupe les communistes.

 

Chers camarades,

 

C’est vrai que la bourgeoisie de notre pays n’est pas unie sur la formule qui contribuera à la récupération capitaliste la plus rapide et la plus stable. C’est aussi vrai au niveau de la bourgeoisie européenne et mondiale. Dans le cadre de ces formules et variations c’est l’ensemble des contradictions interimpérialistes qui se manifeste. Des  axes et des contre-axes changent très souvent, et il est entendu que le système capitaliste, surtout en Europe capitaliste, ne peut appliquer des mesures keynésiennes, des investissements étatiques productifs généraux et des avantages sociaux, comme il l'avait fait dans le passé pour stimuler le marché.

 

Les formules de gestion keynésienne et libérale de la crise s’opposent sur le terrain, l’une et l’autre ayant le même objectif de classe. Ces modèles de gestion qui ont fréquemment alternées au XXe siècle, n'ont, bien sûr, pu empêcher les cycles de crise économique, les dizaines de guerres locales pour un nouveau partage des marchés, ou les changements dans les premières places de la pyramide impérialiste.

 

Le caractère de la stratégie et de la tactique des partis n'est pas déterminé par la manière dont ils se définissent eux-mêmes idéologiquement (de gauche, socialiste, communiste), mais par la manière dont ils agissent par rapport aux intérêts fondamentaux des classes de la société. Et en particulier envers les deux classes fondamentalement opposées, la bourgeoisie et de la classe ouvrière. En outre, ils se définissent par la manière dont ils traitent avec les couches sociales intermédiaires, qui se caractérisent par une forte stratification et des différences d’intérêts aussi bien entre elles, qu’en ce qui concerne les intérêts communs avec la classe ouvrière.

 

Une politique de soutien des intérêts généraux de la bourgeoisie a été permanente non seulement de la part des partis bourgeois libéraux, mais aussi des partis avec une référence de gauche, socialiste ou même communiste, appelant la classe ouvrière et les secteurs populaires à contribuer et à soutenir les objectifs de la classe des capitalistes, comme par exemple "la reconstruction productive", "l'amélioration de la production et de l'économie nationale", "la modernisation" des structures économiques et politiques bourgeoises etc. En d’autres mots, ils ont poussé le peuple à lutter sous un autre drapeau que le sien, à choisir entre l’un ou l'autre gouvernement anti-populaire pour la gestion du système.

 

Comme c'est le cas dans notre pays, les gens sont piégés par la question du gouvernement ; ils sont piégés par le soutien à la réforme du système politique bourgeois, dans le contexte de déclin des vieux partis bourgeois et social-démocrates.

 

Dans ces conditions on peut constater fluidité et mouvement dans les partis bourgeois, tant  ceux d’idéologie libérale que ceux d’idéologie social-démocrate.

 

Dans les conditions de la crise économique prolongée en Grèce, d'une part est apparue comme parti parlementaire le national socialiste-fasciste, retirant des forces à la Nouvelle Démocratie (ND), et d'autre part, le regroupement de la social-démocratie, par le biais de la création de SYRIZA, incorporant en outre des forces opportunistes qui ont surgi dans les 25 dernières années.

 

En même temps se poursuit la fluidité dans le centre-gauche, la social-démocratie (PASOK) et dans le pôle opportuniste comme un courant du mouvement communiste (ANTARSYA, unité populaire, d'autres forces qui disent qu’elles formeront un nouveau parti ouvrier révolutionnaire).

 

Notre parti étudie ces réalignements qui ont eu des conséquences négatives sur l'influence électorale du KKE lui-même au cours des trois dernières  années, en dépit du maintient de forces importantes tant au parlement national qu’au Parlement européen, mais surtout maintient de sa capacité d'intervenir de manière militante dans des conditions de retraite du mouvement et de la combativité. Il demeure capable d'influer des forces bien au-delà de son influence électorale, dans les luttes des travailleurs, des paysans et du peuple pour leur survie.

 

Plusieurs "personnes bien intentionnées", prétendant  s'intéresser au renforcement du KKE – surtout dans la période précédente, aujourd’hui, après l’échec de SYRIZA, elles sont évidemment plus silencieuses - nous ont critiqué parce que nous ne soutenions pas la coopération avec SYRIZA ou avec certains courants de celui-ci, afin d'enrayer la spirale descendante du niveau de vie du peuple et pour que nous examinions ensuite comment progresser dans la lutte vers le socialisme, car toutes ces forces resteraient prétendument fermement en faveur de cette perspective.

 

Elles nous ont proposé d’adopter à nouveau une politique qui a déjà été essayée et testée en Grèce aussi, par exemple lors de la coopération avec le gouvernement de G. PAPANDREOU après la libération en 1944, de l'appui à l'Union du Centre par l’EDA (le Front de Gauche Uni, où agissaient les communistes) dans les années 1960, avant la dictature militaire. Des formes alternatives de gestion du système ont été expérimentées dans de nombreux États capitalistes européens avant la crise (les deux formules de centre-gauche et de centre-droite ont été expérimentées) avec la participation de partis communistes et d’autres partis opportunistes, qui s’autoproclament rénovateurs, et qui sont nés de scissions des partis communistes. En outre, nous avons vu des gouvernements, même si pour une durée relativement courte, avec la participation de partis d'extrême droite comme en Autriche, aux Pays-Bas, en Norvège, etc. Nous avons vu l'alternance entre des partis avec différentes formules de gestion bourgeoise en Amérique latine également.

 

Elles nous ont proposé d’ignorer le rapport entre la politique et l'économie; elles nous ont dit d’oublier que dans l'économie et la superstructure prédominent les monopoles et qu’ils se renforcent à travers la centralisation du capital, que l'intégration de la Grèce dans l'UE impose objectivement des engagements et des dépendances plus importants, de nouvelles restrictions et concessions de droits et de pouvoirs.

 

Elles nous ont dit que nous devons ignorer que les rapports capitalistes se sont étendus dans la production agricole, l'éducation, la santé, la culture et des sports, les moyens de communication. Que s’est accrue la concentration du capital dans l'industrie manufacturière, dans le commerce, les constructions, le tourisme. Que par l'intermédiaire de l'abolition du monopole d'État dans les télécommunications et dans les secteurs de l'énergie et des transports les entreprises se sont développées et principalement les entreprises à capitaux privés. Que des groupes monopolistes européens géants s'empressent d'acheter des propriétés, des entreprises, de la terre, alors que l'intérêt augmente autour de la perspective d'extraction d'hydrocarbures dans les mers Égée et Ionienne, dans la région du sud de la Crète.

 

Que nous devons oublier que les capitalistes, les monopoles sont la classe économiquement dominante, tandis que le Gouvernement et le Parlement sont ses organes.

 

Et que SYRIZA, comme parti gouvernemental, accepte les monopoles, l'UE, les entreprises capitalistes, leur compétitivité, comme force motrice de l'économie.

 

Le rôle de SYRIZA a été particulièrement utile pour la bourgeoisie, principalement en vue d'éviter l'instabilité politique dans les conditions d'une crise économique prolongée, de réduction importante des revenus du peuple travailleur. Seul un parti de référence social-démocrate comme SYRIZA pourrait freiner les protestations populaires massives, comme Junker l'a lui-même reconnu.

 

Certains partis, de différentes nuances politiques, soulignent comme élément principal, capable de constituer la base de la coopération des forces anti mémorandum, le problème du régime "néocoloniale" qui s’est abattu sur le pays étant donné qu’il est sous la tutelle, sous le talon de la troïka. Ils disent que le pays a perdu ou risque de perdre son statut et son indépendance nationale.

 

Il est évident que la Grèce est en position subordonnée dans les alliances impérialistes auxquelles elle participe (UE, OTAN, FMI etc.). Mais cette position découle de sa force économique, politique et militaire comme État capitaliste. C'est la source des relations inégales qui prévalent entre les États capitalistes alliés (relations antagonistes qui peuvent même conduire à une rupture et à la guerre), ce qui n’annule pas la base commune de l'Alliance. L'histoire a montré les dangers liés au développement inégal des États capitalistes, à l’inégalités dans les relations conflictuelles entre eux quand les différents ne sont pas résolus par des moyens politiques et économiques, conduisant ces Etats à choisir les moyens militaires, la guerre, la violence d'État. Le capitalisme ne favorise pas seulement l'internationalisation capitaliste, les diverses formes d'unions impérialistes, qu'elles soient formelles ou informelles, il n'est pas régi uniquement par le cosmopolitisme mais aussi par le nationalisme et les tensions belliqueuses.

 

Tous les partis ont qualifié le problème grec comme étant un problème européen. Ce point de vue découle de la position qu'il ne peut y avoir aucun changement au niveau national en faveur du peuple, en dehors de l'alternance de gouvernements, de changements dans le personnel politique du système et non dans l'économie. Cela veut dire que les masses populaires ne peuvent combattre pour une société différente, socialiste. Cela favorise l'opinion utopique et compromise que des changements radicaux, des révolutions, ou bien seront menés en même temps dans toute l'Europe ou dans le monde, ou bien nul part. Avec ce slogan les gouvernements de "gauche" comme celui de SYRIZA-ANEL demandent de se soumettre à une nouvelle détérioration des conditions de vie des travailleurs et du peuple.

 

La Grèce aujourd’hui a un grand potentiel de production non utilisé, qui ne peut être libéré seulement que par la socialisation des moyens de production par le pouvoir populaire de la classe ouvrière, avec la Planification Scientifique Centralisée de la production et le contrôle ouvrier à tous les niveaux de cette organisation.

 

La question que nous soulevons est qu'il existe les conditions nécessaires à la satisfaction des besoins populaires, non pas en général, mais des besoins populaires contemporains : pour abolir le chômage, pour diminuer la journée de travail, pour augmenter le temps libre ; pour assurer un avenir sûr pour les enfants des travailleurs, pour améliorer constamment et substantiellement le niveau de vie du peuple ; pour que le développement n'entre pas en conflit avec l'environnement, pour que la santé ait pour base la prévention, pour qu’il y ait un vaste réseau de services public exclusivement gratuits, et d'autres problèmes sur lesquels nous avons des positions. Les familles et surtout les femmes doivent être libérées des soins, reposant presque exclusivement sur elles, des enfants, des personnes âgées, des malades chroniques. Il faut développer les services sociaux pour soutenir la maternité, la discrimination positive pour combiner la maternité et le travail social, pour que les femmes aient plus de temps libre pour les activités culturelles et sociales et pour qu’elles participent au contrôle ouvrier.

 

La Grèce a d’importantes sources d'énergie nationales, des réserves minérales considérables, des industries, des productions artisanales et agricoles qui peuvent satisfaire la plupart des besoins populaires : en matière de denrées alimentaires et d’énergie, de transports, du bâtiment et des travaux publics pour construire des logements populaires et des infrastructures publiques. La production agricole peut appuyer divers secteurs de l'industrie.

 

La position de SYRIZA et des autres partis demandant une nouvelle "réduction" de la dette, adoptant la position du FMI, est complètement différente de celle du KKE en faveur de l'annulation unilatérale de la totalité de la dette et non pas d'une réduction de celle-ci par des  échanges, de nouvelles mesures, de nouveaux mémorandums, de nouveaux programmes anti-populaires, avec la privatisation de secteurs et de propriété d'importance stratégique etc.

 

La proposition de sortie de la zone euro, comme le propose certains, ou l'opinion que l'euro n'est pas un fétiche, n'ont rien à voir avec la position du KKE sur le retrait de l'UE.

 

La position du KKE de non participation à aucune Union impérialiste, ce qui sera assuré par le pouvoir des travailleurs, est totalement différente de la position du retrait de l'UE pour augmenter la participation à d'autres centres.

 

La proposition du KKE pour le gouvernement du pouvoir du peuple travailleur n'a rien à voir avec la proposition de SYRIZA pour un gouvernement de "gauche". Particulièrement aujourd'hui que le peuple grec a connu de première main "la gauche la première et la deuxième fois" qui vote les mémorandums et les mesures préalables anti-populaires.

 

Dans le premier cas on parle d’un changement radical du pouvoir politique, et dans le deuxième d’un simple changement de gouvernement et de personnes, opérant dans le même cadre que les gouvernements précédents, où les décisions et les choix pour le redressement économique seront déterminées par les monopoles et le capital.

 

Camarades,

 

Notre parti, à partir du début des années 1990, s'est opposé à la conception réformiste et opportuniste qui veut que nous vivions dans la période du retour à l’ère du libéralisme, que l'on appelle néolibéralisme. Ce point de vue fait valoir que sur cette base, il est nécessaire, pour cette raison, de former un front antinéolibéral. Cette position continue de prévaloir aujourd'hui et, en fait, est utilisée comme la cause fondamentale de la crise. C'est une construction idéologique utilisée largement par SYRIZA et la social-démocratie en général. Nous avons démontré avec des arguments concrets, que l'abandon de la gestion keynésienne était une option nécessaire, correspondant aux besoins du capital pour la reproduction élargie, après la crise générale du début des années 1970.

 

Toutefois, plusieurs partis communistes ont soutenu avec enthousiasme des programmes keynésiens et sur cette base ont collaboré avec la social-démocratie. Cette position reposait sur la question de savoir si la social-démocratie était attirée ou non par le néolibéralisme. Mais de cette manière, le front idéologique contre elle s’est extrêmement affaibli. Au nom de l'unité de la classe ouvrière (qui visait à la formation de gouvernements avec la social-démocratie ou avec un secteur de celle-ci), les partis communistes ont connu des reculs idéologiques et politiques significatifs, tandis que les déclarations d'unité de la part de la social-démocratie-démocratie n’avaient pas pour objectif le renversement du système capitaliste, mais l’aliénation de la classe ouvrière et son détachement de l'influence des idées communistes.

 

Le grand héritage léniniste est valable, qui enseigne que la victoire de la classe ouvrière, du peuple exploité, voire le renforcement de la lutte des classes, est impossible sans une lutte incessante et sans compromis contre l'opportunisme. Qui enseigne que le contenu de la lutte tait différent dans les conditions de développement de la révolution bourgeoise, et qu’il est différent aujourd'hui à l'époque de la transition du capitalisme au socialisme, dans les conditions de la phase supérieure du capitalisme.

 

En tout état de cause, aucun parti ne peut devenir un parti de gouvernement s’il ne présente pas ses lettres de créance à la classe capitaliste, à son personnel national et international. Cela a été confirmé par les actions de SYRIZA. C'est un mythe que le suffrage universel sous le capitalisme peut changer le rapport de forces entre les classes opposées. Pour cette raison, la question de savoir si un gouvernement parlementaire peut donner un élan à l'ouverture du processus révolutionnaire est dénuée de fondement et utopique, totalement trompeuse, comme ça a été confirmé par l'expérience du XXe siècle et du début du XXIe siècle.

 

Le KKE attache une importance à toutes les formes de lutte dans les conditions non révolutionnaires, comme actuellement, et il utilise la lutte électorale et sa présence dans le parlement pour informer le peuple, révéler les plans à son encontre, mettre des obstacles – dans la mesure du possible selon le rapport des forces - aux mesures contre les travailleurs et le peuple, et par dessus tout pour renforcer la lutte des classes, pour que plus de gens se rende compte de la nécessité d'un conflit total.

 

Dans ce cadre le KKE, concentre son attention sur le regroupement du mouvement ouvrier et populaire, sur la construction de l'alliance sociale, sur la croissance de la lutte des classes, l'élargissement des liens du parti communiste avec de nouvelles forces de travailleurs et de travailleuses, d’employés, de paysans et de travailleurs indépendants, principalement des jeunes et des femmes de familles populaires, sur la construction de solides organisations du parti sur les lieux de travail de travail et dans les secteurs stratégiques de l'économie.

 

La lutte contre le capitalisme, contre les interventions impérialistes et les guerres, contre le nazisme-fascisme qui redresse la tête, nécessitent de forts partis communistes dans nos pays, avec une stratégie de conflit et de renversement révolutionnaire, avec une coordination et une action commune, et surtout assurant une activité stratégique commune et la préparation des forces pour lutter contre l'exploitation capitaliste, la barbarie impérialiste, pour ouvrir la voie au seul avenir d'espoir pour l'humanité, le socialisme. Aujourd'hui est la période qui détermine l'existence, le maintien et le regroupement de l'avant-garde révolutionnaire pour qu’elle soit capable de diriger la classe ouvrière et les masses populaires insurgées pour la solution révolutionnaire, lorsque l'état d'esprit des masses et la situation auront muri en raison de la crise aigue et généralisée du pouvoir bourgeois.

 

Le KKE, qui a pris la responsabilité  d'organiser les rencontres internationales après la contre-révolution, poursuivra l'effort, malgré les difficultés, au travers des rencontres internationales et par l'intermédiaire d'autres formes qui, à notre avis, non seulement n'entrent pas en contradiction avec la Rencontre International des Partis Communistes et Ouvriers, mais qui renforcent et favorisent l'activité conjointe et l'élaboration d'une stratégie révolutionnaire unifiée du mouvement communiste sur la base des principes du marxisme-léninisme et de l'internationalisme prolétarien.

 

Comme l'a dit le grand poète communiste turc Nazim Hikmet: «Notre force nous la puisons dans les siècles passés… Nous sortirons vainqueur même si nos sacrifices sont lourds …". Oui, si lourds que soient les sacrifices, ce monde pourri  "ce bateau pirates coulera – contre vents et marées il coulera. Et nous construirons un monde libre, ouvert, et plein d’espoir".

 

 

Traduction Maurice Cukierman à partir des versions anglaises et espagnoles.

 

 

30.10.2015