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Intervention écrite du KKE à la 20ème Rencontre Internationale des Partis Communistes et Ouvriers

«La classe ouvrière contemporaine et son alliance. Les tâches de son avant-garde politique – des partis communistes et ouvriers, dans la lutte contre l’exploitation et les guerres impérialistes, pour les droits des ouvriers et des peuples, pour la paix, le socialisme ».

1. LA CLASSE OUVRIERE AUJOURD’HUI

L’attention des Partis Communistes et Ouvriers dans leur 20ème Rencontre Internationale est centrée sur la classe ouvrière contemporaine. Pendant les dernières années, les arguments bourgeois et petit-bourgeois qui doutent soit le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière soit sa même existence sont renforcés. En effet, certains arrivent au point de rechercher des «sujets révolutionnaires nouveaux». Ces vues interprètent à leur manière les découvertes technologiques de la nouvelle époque, les améliorations de l'informatique et de la robotique, présentées à la société comme un «progrès» et une «nouvelle révolution industrielle». En plus de ces changements, on présente comme preuves des données des statistiques bourgeoises, qui présentent une réduction de l'emploi dans une série des secteurs industriels traditionnels et une hausse de l'emploi des travailleurs dans le secteur des «services». Ainsi, des bourgeois et des opportunistes « en ont fini» avec la classe ouvrière et avec leur peur, qui est la perspective du renforcement et de l’escalade de la lutte des classes, l’établissement du pouvoir ouvrier. 

La «piège» cachée sous cette théorie sur la «société postindustrielle» se trouve d’une côté au fait qu’elle envisage la société avec le critère du niveau technologique des moyens de production et non pas des relations de production. En plus, elle identifie – de manière erronée – l’industrie avec le secteur du « traitement ». Elle ne considère comme classe ouvrière que cette partie qui travaillent manuellement ou qui travaillent dans le traitement ; alors que ses autres parties, telles que les scientifiques salariés qui ne possèdent pas de position de direction et sont conformes aux critères léninistes de leur intégration à la classe ouvrière, sont inclues aux couches moyennes. En même temps, elle exploite le fait objectif qu’au cours du développement capitaliste, le ratio de la force de travaille dans le traitement s’abaisse en tant qu’un pourcentage de la force de travaille totale, ainsi que le produit du traitement calculé en valeurs en tant qu’un ratio du PIB. Ainsi, ellearrive à laconclusionnon-scientifiquesur « lafindelaclasseouvrière ».

Pourtant, en réalité, ce qui est important et a été trouvé au centre des études scientifiques des  fondateurs du communisme scientifique était les relations entre le capital et le travail salarié, c’est-à-dire entre la bourgeoisie et le prolétariat. Cela n’était pas au hasard, parce que la relation entre le capital et le travail salarié est « l'axe autour duquel tourne tout notre système social actuel »[1]. N’importe quels changements scientifiques et technologiques n’annulent pas le fait que les capitalistes sont obligés d’embaucher de la force de travail afin de faire fonctionner les moyens de production, qu’ils possèdent, ciblant à la meilleure rentabilité possible. La « consommation » de la force de travail de la classe ouvrière est celle qui produit des nouvelles valeurs, une partie desquelles n’est pas rendue aux producteurs immédiats dans la forme du salaire, de la sécurité sociale, de la pension etc., mais elle est transformée en profit pour le capitaliste, en tant que plus-value. Ainsi, la force de travail est la seule marchandise qui, produit une valeur plus grande que sa propre valeur, quand elle est consommée. Cela était vrai aussi il y a 200 ans, c’est vrai aujourd’hui, malgré n’importe quels changements.

Il est aussi vrai que la caractéristique essentielle de la classe ouvrière est qu’elle est privée des moyens de production et elle est obligée de vendre sa force de travail (sa capacité de travail) à  la classe des propriétaires des moyens de production, la classe des capitalistes.

En plus, la théorie marxiste accepte comme industriel chaque secteur de la production sociale où on produit de la valeur et par conséquence de la plus-value, par exemple l’informatique et les communications, les transports, que les statistiques bourgeois inclut dans les services. Marx, dans son œuvre « Le Capital », note que les limites de l’activité industrielle dans le capitalisme sont clairement plus amples que celles des secteurs traditionnels du « traitement » inclus dans la statistique bourgeoises. Dans le deuxième volume du Capital, il est noté que : « Il y a cependant des branches d’industrie autonomes, dans lesquelles le produit du procès de production n’est pas un nouveau produit matériel, une marchandise. L’industrie des transports est la seule d’entre elles qui ait une importance économique, qu’il s’agisse du transport proprement dit des marchandises et des hommes ou de la simple transmission de communications, lettres, télégrammes, etc. […] Ce que vend l’industrie des transports, c’est le transfert en lui-même […] L’effet utile n’est consommable que pendant le procès de production ; il n’existe pas comme objet d’usage distinct de ce procès […] Il n’empêche que la valeur d’échange de cet effet utile est déterminée, comme celle de toute autre marchandise, par la valeur des éléments de production consommés en lui (force de travail et moyens de production), en ajoutant la plus-value créée par le surtravail des ouvriers occupés dans l’industrie des transports […] Le capital industriel est le seul mode d’existence du capital où sa fonction ne consiste pas seulement en appropriation, mais également en création de plus-value, autrement dit de surproduit»[2].

Ici nous pouvons noter le fait qu’Engels soulignait le poids spécial du prolétariat industriel en raison de sa place dans la production, de sa concentration dans les lieux de travail et dans les villes et dans sa possibilité d’organisation: “Les premiers prolétaires appartenaient à l’industrie qui elle-même leur donna naissance promptement […]parmi les prolétaires de l’industrie nous retrouvons cette série et nous voyons que les ouvriers des usines, ces fils ainés de la révolution industrielle étaient du début jusqu’à nos jours le noyau du mouvement ouvrier, et que les autres s’unirent au mouvement dans la mesure que leur métier fut entraîné par le vortex de l’industrie”[3].

La procédure de l’évolution capitaliste, de la concentration et centralisation du capital, conduit objectivement à la croissance de la classe ouvrière, à l’aiguisement de la contradiction de base entre le capital et la main d’œuvre salariée, à la croissance de la lutte de classe et à la configuration du nouveau sujet révolutionnaire, c’est-à-dire de la classe ouvrière et de son avant-garde, du parti révolutionnaire ouvrier (PC).

            La puissance de la classe ouvrière comme chef de la révolution socialiste ne se détermine pas par sa taille mais pas sa place dans le système de la production sociale. « La force du prolétariat dans n’importe quel pays capitaliste est incomparablement plus grande que le pourcentage du prolétariat dans l’ensemble de la population. Cela est, car le prolétariat domine sur les mesures économiques et sur les points névralgiques du système économique du capitalisme entier et parce que le prolétariat, économiquement et politiquement parlant, exprime les réels intérêts de l’énorme majorité des travailleurs dans le capitalisme… »[4].

            Ainsi, nous pouvons dire qu’il est naturel que les secteurs de l’activité productive, qui se divisent en fonction de la production des différentes valeurs d’usage, se développent et transmuent avec le temps. Aujourd’hui des secteurs comme celui de l’informatique ou des télécommunications connaissent une vive croissance lors des trois dernières décennies. Cependant la concentration industrielle ne s’identifie pas au cours de certains secteurs qui fleurissent ou déclinent. Aujourd’hui nous pouvons parler d’industrie informatique, d’industrie de télécommunication, de transport, etc.  Indépendamment du fait que le cas en question porte sur la production de nouveaux produits matériaux, sur la transmission d’informations ou sur le transport de marchandises, dans tous les cas un rapport capitaliste existe, l’exploitation du travail salarié pour la production de value et de plus-value. Par conséquent, dans ces secteurs-là, la main d’œuvre salariée, la classe ouvrière est la force de production essentielle. Nous croyons que la définition classique des classes donnée par Lénine s’applique entièrement de nos jours aussi : « On appelle classes, de vastes groupes d'hommes qui se distinguent par la place qu'ils occupent dans un système historiquement défini de production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixé et consacré par les lois) vis-à-vis des moyens de production, par leur rôle dans l'organisation sociale du travail, donc, par les modes d'obtention et l'importance de la part de richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d'hommes dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre, à cause de la place différente qu'il occupe dans une structure déterminée, l'économie sociale ».[5]

            Pour le KKE tout le dessus consiste en « pierre angulaire » de son approche et de son appréciation que la classe ouvrière est la force de production essentielle et de plus en plus croissante. Les travailleurs qui sont obligés de vivre en vendant leur force de travail, qui sont privés de la propriété des moyens de production et de subsistance, qui sont rémunérés sous forme de salaire ou de salaire journalier, qui ont un rôle exécutif indépendamment du secteur dans lequel ils travaillent et de l’espèce de travail qu’ils effectuent, appartiennent à la classe des travailleurs salariés. Evidemment, au même moment notre Parti étudie les changements, qui portent sur la composition, le niveau d’éducation, les changements dans les rapports de travail, etc.

2. LE ROLE DE LA CLASSE OUVRIERE

La classe ouvrière est la force de production essentielle. La concentration et centralisation du capital en grands groupes d’entreprises implique la concentration de la main d’œuvre ouvrière, la socialisation du travail et de la production et établie la classe ouvrière comme centre et nerf de la production et généralement de l’économie, surtout dans les secteurs d’importance stratégique comme ceux de l’énergie, les télécommunications-informatique, les transports, les secteurs de production des moyens de production etc.

             La classe ouvrière est la seule force sociale qui n’a pas de propriété des moyens de production mais qui produit la plus grande part de la richesse de la société capitaliste. C’est la classe qui objectivement peut diriger la lutte pour l’abolition de la propriété individuelle dans les moyens de production, la seule classe qui a un intérêt de l’équivalence des rapports de production du développement des forces de production avec la socialisation des moyens de production. Sur la base de la socialisation des moyens de production, l’état ouvrier (la dictature du prolétariat) planifie centralement la croissance analogique de la production avec pour but la satisfaction généralisée des besoins sociaux. Ainsi le travail social s’harmonise avec le motif de l’appropriation individuelle, du profit capitaliste. Ceci est le caractère de la classe ouvrière comme seule puissance révolutionnaire et porteur des relations communiste dans la perspective d’une société sans classe.

            A l’opposé vers la classe ouvrière, ses alliés les agriculteurs pauvres et les entrepreneurs, détiennent une telle place dans le système de la production sociale qui prédétermine leur inconséquence et leurs vacillements par rapport à la lutte pour le renversement du capitalisme et l’édification du socialisme. Marx et Engels à leur époque soulignaient le fait que : « De toutes les classes qui sont aujourd’hui confrontées à la classe bourgeoise, seulement le prolétariat est une classe réellement révolutionnaire. Le reste des classes se perdent et disparaissent dans la grande industrie alors que le prolétariat est son produit le plus caractéristique »[6].

            Ainsi, seul le mouvement ouvrier peut obtenir des caractéristiques révolutionnaires, se développer en un mouvement révolutionnaire de classe ponctuel, alors que les mouvements des autres forces populaires ne peuvent pas devenir des porteurs conséquents du déni à la propriété individuelle des moyens de production.

            En conclusion, nous pouvons noter que la classe ouvrière de sa place même dans la production sociale est objectivement la force motrice pour le passage à une manière de production supérieure et à une organisation de la société, pour le renversement du système capitaliste et l’édification de la société socialiste-communiste.

            Bien sûr de nos jours, les efforts pour la croissance de la lutte anticapitaliste, de la lutte pour le pouvoir ouvrier doivent repousser des opinions et des pressions constamment renouvelées, de la part de forces politiques opportunistes et bourgeoises ou encore de la part de masses ouvrières-populaires politiquement manipulées, pour l’abandon de la mission historique de la classe ouvrière et pour des solutions politiques « entre les murs du capitalisme » au nom de la fameuse unité nationale. Ses demandes soumettent les intérêts de la classe ouvrière et de la grande majorité populaire à ceux de la minorité exploiteuse, la classe bourgeoise. Leur danger grandit dans des conditions de reclassement dans la pyramide impérialiste, de déstabilisation des alliances impérialistes et apparition de nouvelles, dans des conditions de crise des partis bourgeois gouvernant et de l’apparition de nouveaux, dans des conditions de réchauffement de la confrontation entre libéralisme bourgeois et social-démocratie, entre parlementarisme bourgeois et dictature fasciste ou militaire, entre modernisation bourgeoise et anachronismes religieux-raciales et autres.

            De nos jours, la lutte contre les illusions comme quoi à travers les réformes parlementaires et l’amélioration progressive des rapports électoraux, à travers une gestion gouvernementale de « gauche » le passage au socialisme peut être effectué, est le sujet essentiel de la lutte idéologique-politique parmi les lignes du mouvement ouvrier.

Tant la théorie que l’histoire du mouvement communiste prouvent que la déclaration du caractère socialiste de la révolution et du pouvoir, lorsque celle-ci est traversée dans la pratique par des buts gouvernementaux transitoires dans le cadre du capitalisme, au nom de la crise économique prolongée, de l’intensité de la violence étatique et patronale, du terrorisme apparent envers le mouvement ouvrier et communiste, de la violence nazie-fasciste, de la répression des procédures parlementaires, de la menace ou entreprise d’une guerre impérialiste, est impuissante. La lutte quotidienne politique, idéologique pour tous les sujets ne doit jamais être séparée du devoir révolutionnaire politique essentiel de la lutte pour le pouvoir ouvrier. Dans le prochain temps, les problèmes de cohérence de l’UE et de l’Eurozone, le renforcement des BRICS, les interventions des USA pour la consolidation de leurs positions en Europe et en Asie, vont créer les conditions qui moderniseront de nouveau l’importance –déterminante pour le mouvement révolutionnaire- du lien entre la lutte contre toute forme de gestion capitaliste et contre la guerre impérialiste et la lutte pour le pouvoir ouvrier.

3. THE ALLIANCE OF THE WORKING CLASS

Le renversement du capitalisme, où la classe ouvrière joue un rôle de premier plan, est dans l’intérêt des couches populaires aussi, il donne une issue aux questions concernant le droit au travail, les droits sociaux du travailleur indépendant, du producteur de marchandises individuel, la perspective de son adhésion au travail directement social. Le prolétariat – qui est le seul qui puisse exprimer les intérêts généraux des travailleurs – peut et doit unir dans la lutte contre les monopoles des parties importantes du peuple parmi les masses dispersées et oscillantes des couches non-prolétaires. 

L'Alliance sociale d’orientation anticapitaliste-antimonopoliste concerne des forces sociales, qui sont déterminées en fonction de leur position dans le mode de production dominant, sans discrimination de sexe ou d'âge. Les femmes et les jeunes en âge appartiennent à des forces sociales spécifiques, et même pour les parties qui ne sont pas intégrés dans la production, leur position sociale est déterminée par celle de leur famille.

Bien sûr, l’alliance sociale ne reste pas statique, elle se développera selon la phase spécifique du mouvement et de la corrélation des forces, elle développera aussi d’autres formes, elle sera renforcée et redéployée dans des conditions d’un mouvement, d’une vraie motion des masses, en renforçant et en approfondissant les objectifs anticapitalistes – antimonopolistes de l’alliance, en étendant constamment sa portée.

La participation plus ou moins active des sections populaires des couches moyennes, en tant qu’alliés potentiels de la classe ouvrière, et de leurs mouvements respectifs dans la lutte révolutionnaire, ainsi que la neutralisation d’autres, requièrent la lutte et l'effort continus.

Les rassemblements radicaux d’orientation anticapitaliste-antimonopoliste ne devraient  pas être traités de manière statique, mais comme étant intégrés dans la dynamique elle-même de la lutte de classe, qui n’est pas linéaire et univoque. La profondeur du contenu anticapitaliste-antimonopoliste de la lutte n'est pas le même dans toutes les phases, ce qui sera aussi reflété dans les formes de l'alliance, qui évolueront.

Notre parti envisage l’Alliance Sociale – par son propre caractère – comme une alliance des forces sociales et des mouvements ; c’est-à-dire, elle n’est pas une coopération des partis ni une coopération du KKE avec des organisations de masse. Dans la mesure où des membres d'autres forces politiques de caractère petite-bourgeoise agissent dans des ralliements de l'Alliance sociale, ils se réuniront dans la lutte commune avec les communistes avec des termes de mouvement et c’est là où sera menée la lutte idéologique - politique. Toute bataille et action commune seront exprimées dans les rangs et les organes de lutte de l'Alliance sociale qui s’enracine dans les lieux de travail, dans l'Assemblée générale des Syndicats et des Associations, dans les Comités de lutte dans le quartier, etc.

La question se pose : quelle ligne politique donne une véritable réponse aux problèmes du peuple? Avec les monopoles ou contre leur domination? Avec le pouvoir des monopoles, du capital ou avec le pouvoir des travailleurs, du créateur de toute la richesse dans la société?

Le rassemblement de la majorité de la classe ouvrière avec le KKE et l’attirance des parties principales des couches populaires passera par des phases diverses. Les masses ouvrières-populaires, à travers l’expérience de leur participation dans l’organisation de la lutte, dans une direction de confrontation avec la stratégie du capital, seront persuadés pour la nécessité que leur organisation et leur confrontation prisent des caractéristiques d’une confrontation complète et variée contre la dominance économique et politique du capital. Le mouvement ouvrier, les mouvements des travailleurs indépendants dans les villes et des agriculteurs, et la forme par laquelle s’exprime leur alliance, avec des objectifs antimonopolistes et anticapitalistes, avec l’activité des forces du KKE qui est à l’avant-garde, dans des conditions non-révolutionnaires, constituent la première forme pour la création du front ouvrier – populaire révolutionnaire dans des conditions révolutionnaires.

4. LA CLASSE OUVRIERE EN GRECE

L'économie grecque s’est faiblement rétablie en 2017. Cependant, la poursuite de cette tendance dépendra d'autres paramètres, en particulier des développements de l'économie internationale.

En calculant le PIB à prix constants de 2010, sa réduction sur une période de cinq ans est de 10,4%, tandis que par rapport au début de la phase de la crise en 2008, la baisse du PIB excède le 26%. En 2015, le PIB a reculé de 0,2%, tandis que pour 2016 on attend une nouveau réduction de 0,3%. En 2015, l'indice de volume de la production industrielle a légèrement augmenté de 0,7% pour la première fois depuis 2007, une tendance qui a continué dans la première moitié de 2016. Les secteurs dynamiques de la transformation ont été l'industrie pétrolière, les produits pharmaceutiques, les produits chimiques, les métaux de base.

La structure sectorielle de l'économie grecque n'a pas substantiellement changé au cours des quatre dernières années. Il y avait une petite augmentation de la part du secteur primaire dans la nouvelle production totale de 3,7% en 2012 à 4% en 2015 et du troisième secteur de 80,1% en 2012 à 81,8% en 2015, avec une baisse correspondante du secteur secondaire (transformation, énergie, construction, exploitation minière), de 16,2% en 2012 à 15,2% en 2015.

Comme il a été noté, au-delà des problèmes méthodologiques généraux de séparation en secteur primaire, secondaire et tertiaire, ces chiffres sont influencés par le fait qu'un certain nombre d'industries, comme les télécommunications et les transports, sont classées par les statistiques bourgeoises dans le secteur tertiaire. Le problème méthodologique ci-dessus devient encore plus grand en Grèce car le secteur maritime (qui appartient au transport) est traditionnellement le plus puissant secteur de l'économie capitaliste grecque.

La flotte grecque occupe la première place en 2015 à l'échelle internationale, en augmentant la capacité des navires et ayant une part importante dans la flotte mondiale des navires-citernes et des vraquiers, avec un degré élevé d'exploitation des travailleurs du secteur.

Au cours des quatre dernières années la tendance à la baisse du nombre d'employeurs et du nombre de travailleurs indépendants a continué en raison de la crise, alors qu'il y avait une augmentation marginale du nombre d'employés. Plus précisément, le nombre d'employeurs a diminué de 261,000 en 2012 à 248,000 en 2015, le nombre de travailleurs indépendants (les agriculteurs en faisant partie aussi) a diminué de 908,000 à 856,000 et le nombre d'employés a augmenté légèrement, passant de 2,34 millions à 2,35 millions. Le nombre de  travailleurs familiaux  a été également réduit de 185,000 à 158,000.

Ces changements n'ont pas différencié de manière spectaculaire les proportions entre eux ni leurs pourcentages dans l'ensemble des travailleurs: le pourcentage d'employeurs a diminué de 7,7% à 6,9%, le pourcentage de travailleurs indépendants de 24,6% à 23,7% et le pourcentage d'employés est passé de 63,4% à 65%. Le reste concerne les travailleurs familiaux, dont le pourcentage a légèrement diminué. Il faut tenir compte du fait que ces pourcentages varient légèrement quant à la population économiquement active qui en plus des employés comprend les chômeurs aussi, dont une grande partie provient du travail salarié.

Pendant la période de crise la tendance à la concentration-centralisation de l'économie capitaliste grecque a été renforcée. Après une série de fusions et d'acquisitions, les 4 grandes banques systémiques regroupent pratiquement toutes les activités bancaires.

Dans le secteur du commerce on observe une croissance importante de la part de grands groupes commerciaux; dans le secteur des télécommunications, 3 groupes (OTE, Vodaphone, Wind) contrôlent essentiellement l'ensemble du marché, le deuxième plus fort groupe ayant conclu un partenariat stratégique avec le troisième.

Le secteur de l'énergie est dominé par trois grands groupes dans le domaine du combustible qui contrôlent entièrement le raffinage du pétrole, tandis que la concentration dans l'industrie de la construction a été effectuée de façon décisive, les grands groupes s'occupant également de plus petits projets.

Dans l'industrie des métaux, les deux plus grands groupes contrôlent presque 2/3 de l'industrie. Des évolutions similaires sont en cours dans les industries du tourisme et de la restauration, de l'alimentation et des boissons.

Les unions impérialistes internationales (OCDE, FMI, Commission européenne), ainsi que la Banque de Grèce, ont estimé la reprise de l'économie grecque en 2017-2018, avec l'augmentation des investissements (hors logement) avec la contribution de la nouvelle loi de développement, sur la base du financement communautaire, de l’accélération  des privatisations importantes.

On estime une augmentation des exportations de marchandises en raison de l'amélioration de la compétitivité de l'économie grecque, une augmentation des services (tourisme, transport maritime) et une augmentation de la consommation intérieure résultant de la croissance de l'emploi, du revenu et de l'amélioration des conditions de crédit.

Comme facteurs d'incertitude qui peuvent conduire à des résultats plus négatifs, on distingue la détérioration possible de l'environnement économique international et du progrès de l'UE après le Brexit, l'impact négatif potentiel sur le tourisme et le commerce à cause de l'aggravation du problème des réfugiés et de la situation dans l'ensemble de la région de Méditerranée orientale, et l'impact de la politique du gouvernement (par exemple, hausse des impôts indirects, des charges pour les couches populaires).

Ces observations soulignent l'incertitude des prévisions bourgeoises, en particulier en cas d'une détérioration de la zone euro et d'une augmentation des forces centrifuges.

Il est intéressant de noter que certains grands investissements (par exemple, ports, transport ferroviaire) ne sont pas faciles à mettre en œuvre en l'absence d'un compromis à moyen terme entre les États-Unis, l'UE, la Chine et la Russie dans la région.

5. LA SITUATION DE LA CLASSE OUVRIERE ET LA POLITIQUE GOUVERNEMENTALE DE SYRIZA-ANEL

Dans notre pays  des mesures ont été promus, qui ont conduit à des bouleversements majeurs dans les relations de travail, les salaires, les conventions collectives, les pensions, les prestations sociales, etc. Ces mesures étaient prévues bien avant la crise, par le traité de Maastricht et plus précisément depuis 1993 par le «Livre blanc». Elles concernaient alors tous les pays de l'Union européenne et étaient indépendantes de la phase du cycle de la reproduction capitaliste. Ces restructurations capitalistes et les réformes anti-ouvrières ont servi l’objectif de faciliter la rentabilité capitaliste dans le contexte de l'intensification de la concurrence internationale. Néanmoins, il va sans dire qu’elles deviennent plus urgentes pour le système capitaliste en temps de crise.

Cette planification stratégique était lancée de manière ciblée, méthodique et à long terme par l'UE et les gouvernements bourgeois dans chaque pays. Ces mesures ont été développées rapidement et complètement, en particulier en Grèce, à partir de 2010, avec trois groupes de mesures (mémorandums) et totalement 700 lois antipopulaires.

En vertu de la stratégie commune sont promues:

  • la politique commune pour une réduction drastique des salaires et la promotion des formes d’emplois alternative et à temps partiel. L’abolition dans un large mesure du temps de travail quotidien stable, de l’emploi permanent dans le secteur public et d’une certaine stabilité de l’emploi dans le secteur privé. Des changements généraux dans les relations de travail, en augmentant la souplesse et la flexibilité. Ces politiques sont intégrées dans la stratégie de libéralisation du marché du travail au fil du temps et de la tendance d’adapter les salaires ouvriers à des niveaux très bas formés dans le marché capitaliste international.
  • La politique commune pour la réduction des services de santé et des services sociaux et surtout en ce qui concerne les systèmes de Sécurité sociale avec l'expansion de la privatisation.
  • Des politiques pour la légalisation des agences esclavagistes et l'exploitation des immigrants comme main-d'œuvre moins chère ainsi que comme un moyen de pression pour la réduction globale des salaires.
  • De nouvelles restrictions sur le droit de grève, l'action syndicale.
  • L’augmentation constante  des impôts indirects, entraînant une augmentation des prix des biens de consommation de base (électricité, nourriture, transport, etc.).

Les conséquences de la crise économique et les mesures anti-ouvrières prises à travers les mémorandums notoires et les lois d’application ont causé des bouleversements importants, profonds et plus stables dans les conditions de vie et de travail, dans la composition de la classe ouvrière, d’une grande partie de travailleurs indépendants et de petits propriétaires dans les villes et la campagne. La classe ouvrière s’est élargie à de nouvelles parties de couches moyennes détruites des villes et des villages. Plus de parties de la classe moyenne ont approché la classe ouvrière, les semi-prolétariens sont augmentés. Dans le même temps on avait une immigration accrue, en particulier des jeunes.

Les restructurations et la crise ont réduit la couche de l'aristocratie ouvrière dans le secteur privé et le secteur public, ainsi que les fonctionnaires d'État. Cela ne signifie pas que la bourgeoisie renonce au maintien, au renouvellement et à la création de nouveaux mécanismes pour manipuler le mouvement ouvrier. La différenciation significative, la stratification au sein de la classe ouvrière et des travailleurs salariés plus généralement, reste et augmente, ce qui constitue la base matérielle de formation de l'aristocratie ouvrière.

Les données récentes confirment la tendance à l’augmentation de l’appauvrissement  absolu de la classe ouvrière. Après la réduction dramatique  de la rémunération globale des salariés  en 2009-2012 de 85 à 66,1 milliards d'euros, en 2012-2015 elle est passée à 59 milliards d'euros, enregistrant une nouvelle baisse de 10,7%, tandis que la réduction globale par rapport aux niveaux avant la crise est supérieure à 30%. En plus des réductions de salaires, cette réduction drastique de la rémunération globale des salariés  reflète naturellement la montée du chômage pendant la crise.

Selon les données de la Banque de Grèce, la rémunération par salarié a reculé de 7% en 2013, 2,1% en 2014 et 2,7% en 2015. La rémunération nominale par salarié a reculé de 24,3 milliers d’euros en 2012 à 21,8 milliers d’euros en 2015, soit une réduction de 10,3%, venant s’ajouter aux réductions de la période 2010-2012 qui ont réduit le salaire nominal annuel moyen de 26,1 à 24,3 milliers d’euros. En termes constants (après prise en compte de l'inflation) la réduction du salaire moyen est supérieure à 20%. Sur la base des données de l'IKA (Institut d'Assurances sociales), la réduction du salaire minimum depuis 2010 est proche de 35%.

Le pouvoir d'achat du salaire brut moyen en Grèce en 2014 atteint seulement 66% de la puissance d'achat moyen des 15 pays les plus avancés de l'UE, de 82% en 2009. Les pertes du pouvoir d'achat des salariés sont encore plus à cause des nombreux impôts de ces dernières années. Compte tenu de tous ces facteurs, on peut estimer que les pertes totales de niveau de vie des travailleurs vont jusqu’à ou sont proche de 50% dans la période de crise.

L'attaque sur le salaire minimum (réduction de 22% pour les plus de 25 ans et 32% pour les jeunes jusqu'à 25 ans) avait pour effet des rémunérations en 2014 encore plus faibles que celles de début des années 1990.

Les lois de ces dernières années continuent de grever constamment les salaires et le revenu populaire, la vie des familles ouvrières et populaires. Les données présentées reflètent les difficultés rencontrées par les travailleurs, l’état des salaires et les relations de travail.

Les  travailleurs à bas salaires représentent environ 60% des travailleurs. En particulier, les travailleurs disposant d’un salaire «net» de moins de 1000 euros atteint 63,17%. En même temps, on a un déplacement vers le bas quant à la classification des employés aux différents échelons. Les employés avec un salaire de 501 à 600 euros ont augmenté de 13,24%, et les employés avec un salaire de 601 à 700 euros de 10,56%.

Les relations de travail se détériorent rapidement. En 2015, le pourcentage des «relations de travail flexibles» (à temps partiel et par tour) dans les nouvelles embauches était supérieur à 55%, quand en 2009 il atteignait 29% et en 2012 45%. Environ 30% des travailleurs du secteur privé sont sous-employés, tandis que 20% travaillent moins de 20 heures par semaine. Dans tous les cas, ces formes d'emploi flexibles s’appliquent à plus de la moitié des recrutements aujourd'hui, ce qui affecte naturellement le niveau de salaire moyen.

La consommation moyenne des ménages en Grèce a été diminuée de 25% dans la période de 2010 à 2014 et est de 1.460 euros contre 1.950 euros en 2010. Au cours de la même période on observe une variation apparente dans le comportement alimentaire du ménage moyen grec. En particulier, les quantités des produits alimentaires consommés ont été différenciées (par exemple, la consommation de viande et de poisson est réduit de 12%). En 2015, 40% de la population connaissaient des privations matérielles, ce qui représente un accroissement significatif  par rapport à 24% en 2010.

Le taux de chômage global a légèrement diminué au cours des quatre dernières années, à cause de l’expansion davantage des relations de travail flexibles, et en 2018 il atteignait 19,5%. Le taux de chômage est très élevé chez les jeunes (15-29 ans), près de 40%. En outre, les femmes enregistrent des taux de chômage plus élevés que les hommes. En 2015, le taux de chômage chez les femmes était de 28,9% contre 22% chez les hommes.

Le gouvernement SYRIZA - ANEL fait valoir en faisant de la propagande qu’il suit une orientation différente pour la reconstruction productive capitaliste du pays, par rapport aux gouvernements précédents. Il affiche la proposition de «développement équitable», qui comprend les prétendus nouveaux éléments du passage à l'innovation et la qualité, à l'utilisation des connaissances scientifiques et des technologies spécialisées dans l’intérêt de la croissance de la productivité, l'utilisation de l'État bourgeois reconstitué en tant que levier de développement et principalement du « renforcement de la société et du marché ».

Le gouvernement dissimule que l'utilisation des connaissances scientifiques et de l'innovation pour accroître la productivité n’est pas utilisé dans le capitalisme pour améliorer la situation des travailleurs (augmenter les revenus, réduire le temps de travail), mais pour augmenter les profits du capital. Ceci est démontré par le fait que même dans les États qui ont des positions dominantes dans l’exploitation de nouvelles technologies dans la production et qui ne se trouvent pas dans la phase de crise, comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les États-Unis, l'inégalité des revenus augmente rapidement.

Le gouvernement SYRIZA-ANEL a célébré le 21 août 2018 la sortie officielle de la Grèce des mémorandums. Il a essayé de cultiver un climat d'euphorie parmi le peuple, que maintenant sa vie quotidienne commencera à changer pour le mieux. Il a même qualifié ce développement de « retour à la normale » et de « début d'un développement équitable. »

Le gouvernement SYRIZA-ANEL ment quand il parle d'une « nouvelle ère » après les mémorandums, parce que:

  • Les centaines de lois antipopulaires demeurent! Il y a des engagements envers le capital et les unions impérialistes à ce qu’il continuera cette politique antipopulaire, qui profitera à la soi-disant « compétitivité » et « l'esprit d'entreprise », à savoir l'augmentation des profits du capital.
  • Il a accepté même des nouveaux coups aux droits populaires, qui seront mise en œuvre dès l'année prochaine.
  • Avec le soi-disant « semestre européen », le « pacte pour l'euro+ », le « pacte budgétaire », la «gouvernance économique renforcée », comme dans les autres pays qui sont dans l'UE, l'UE surveillera strictement la poursuite et l'escalade de l'attaque antipopulaire. En outre, des mesures antipopulaires sont prises dans les autres pays de l'UE aussi, où il n’y a pas des mémorandums comme en Grèce.

Mais même s'il n'y avait pas de supervision par l'UE, il y aurait - comme il y a dans toute société capitaliste - la «supervision» du grand capital, des monopoles et leur objectif d’accroître leur rentabilité. Pour cette raison, il ne peut pas y avoir de «développement équitable » dans des conditions capitalistes.

En plus, il déclare que graduellement « il rectifiera des injustices », il restaurera les conventions collectives de travail. Ces déclarations arrivent après avoir rejeté la proposition de 530 Centrales Ouvrières, des Fédérations et Syndicats sur les Conventions Collectives de Travail, sur la Convention Collective Nationale Générale avec la restauration du salaire minimum aux 751 euros, que le KKE a présenté au parlement.

Ainsi, la vérité est que la politique du gouvernement non seulement ne conduit pas à une récupération partielle des grandes pertes des couches populaires pendant la crise, mais elle aggrave la situation du peuple. Dans le même temps, les déclarations du gouvernement au sujet d’un État effective cachent que l'État bourgeois fonctionne en faveur du capital et donc les ajustements effectués servent à accroître l'efficacité de ses actions en faveur de celui-ci. Les impôts saignant à blanc le peuple et les réductions des dépenses sociales d’un part, ainsi que l’aide d'État aux groupes nationaux et en général à la rentabilité capitaliste de l’autre part, servent cet objectif.

L'augmentation des impôts indirects, la réduction du seuil fixé pour le paiement de l’impôt, le maintien de l’ENFIA (impôt foncier unifié), la réduction des pensions, l'augmentation des cotisations sociales sont des exemples typiques de l'escalade de l'attaque antipopulaire. En ce qui concerne les travailleurs indépendants et les agriculteurs, la forte augmentation des charges fiscales et d’assurance est combinée à une réduction drastique de leur chiffre d'affaires, ce qui entraîne une grande détérioration de leur position. Au contraire, les groupes monopolistes contribuent moins de 5% aux recettes fiscales annuelles et le gouvernement lance des nouvelles aides d'État à travers la «loi de développement ».

Les développements brisent l'illusion sur la possibilité d’une gestion du capitalisme en faveur du peuple, où l'augmentation de la rentabilité du capital sera compatible avec le bien-être des employés et des travailleurs indépendants.  Il s’avère que «dans les murs» du pouvoir du capital, de l'UE, de l'OTAN, une politique en faveur du peuple n’est pas possible.

Encore plus, car une nouvelle crise globale éventuelle puisse affecter de façon disproportionnée l’économie grecque. La dette est accumulé au niveau international, la profitabilité est basse, on ne trouve pas un grand nouveau secteur qui apportera des profits et les centres impérialistes recourent aux outils du dit protectionnisme – comme ceux utilisés par Tramp – pour protéger les profits de leurs monopoles. Alorslesproblèmessegonflent. La manifestation d’une nouvelle crise, plus profonde, de suraccumulation du capital est réelle. Et cette perspective, que la crise affecte encore plus l’économie internationale, est dominante aujourd’hui. En effet, la grande ouverture de l’économie du pays aux domaines qui puissent être particulièrement affectés par une nouvelle crise internationale, tels que la Maritime et le Tourisme, puisse s’avérer « le talon d’Achille » du développement capitaliste de la période prochaine.

6. LES TÂCHES DU KKE

Au cours de ces années le rôle de premier plan du KKE et des syndicats de classe, qui luttent dans les rangs du Front militant de tous les Travailleurs (PAME) est très importante, organisant la lutte ouvrière et populaire, réalisant des dizaines de mobilisations de grève – 70 grèves au niveau national pendant la crise capitaliste – des centaines de manifestations, des occupations des ministères etc. 

Depuis de nombreuses années, la principale ligne dans le mouvement syndical était et reste la ligne d’adaptation et de soumission aux stratégies de l’UE, et de collaboration de classe, de défense de la compétitivité et de la rentabilité capitaliste.

Les forces du réformisme et de l'aristocratie ouvrière ont une position dominante dans des secteurs d’importance stratégique, dans des grandes unités industrielles et d'autres entreprises (transports, banques, ports, énergie, télécommunications, services publics, universités, dans l’éducation en général etc.), générant des dégâts à long terme. Toute critique ou controverse de la part de ces forces à l’égard de l’UE est souvent faussée  par leurs théories sur des « politiques néolibérales » ou sur la possibilité de corriger l'union impérialiste transnationale et le système de l’intérieur, sans renverser le pouvoir des monopoles.

L’intervention de la social-démocratie et de l’opportunisme moderne au cours de la décennie qui a précédé la crise a eu une influence négative significative sur l’orientation du syndicalisme organisé vers le « partenariat social », le « dialogue social ». L’idée de la fin des conflits sociaux, de la coopération sociale a été promue par des fonds multiples, par des instituts, par la création d’Académies au sein des syndicats européens, par des organes de consultation « institutionnels » dans les grands lieux de travail.

Cela a causé beaucoup de tort à la conscience des travailleurs, en particulier à la partie organisée de la classe ouvrière.

La ligne de lutte anticapitaliste, de lutte pour la rupture et le renversement actuellement n'exerce pas d’influence de masse dans les secteurs d'importance stratégique. La situation négative du mouvement syndical européen et international a joué un rôle négatif à cet égard. Nous concluons sur cette base que le changement de la corrélation des forces et le regroupement du mouvement ne se limitent pas à quelques changements quantitatifs, mais nécessitent des changements radicaux dans le contenu et l'orientation de la lutte du mouvement syndical.

La création du Front militant de tous les Travailleurs (PAME) en 1999 a contribué essentiellement à la séparation et à la rupture avec le syndicalisme gouvernemental et des employeurs en Grèce. Dans le cas contraire, les choses seraient bien pires et difficiles. Le PAME en tant que regroupement de classe, en tant que mouvement fondé sur des Fédérations, des Centres du Travail, des Syndicats, des Comités de lutte et des syndicalistes, constitue une conquête importante de la classe ouvrière, jouant un rôle de premier plan dans les luttes quotidiennes, dans la lutte de classe. Des centaines de syndicats se mobilisent dans ses rangs; les forces regroupées au sein du PAME constituent la deuxième force dans le mouvement syndical, avec un pourcentage dépassant  le 20%, et des dizaines de Fédérations et de Centres du travail, des centaines de syndicats luttent ayant une orientation de classe.

6.1. DES TÂCHES CRITIQUES DÉCOULENT OBJECTIVEMENT, RELATIVES AU REGROUPEMENT DU MOUVEMENT SYNDICAL OUVRIER:

« Préparation et développement d’un mouvement ouvrier capable de se confronter avec détermination, efficacité et en alliance avec les couches populaires des travailleurs indépendants et les paysans, à la stratégie élaborée commune du capital et du pouvoir capitaliste ». C'est ainsi qu’on a précisé le contenu du regroupement du mouvement ouvrier lors du 20e Congrès de notre Parti.

Ces tâches comprennent:

  • L’élaboration des revendications de lutte (sur toutes les questions: salaire, sécurité sociale, soins de santé, heures de travail, etc.), et le choix des formes d'organisation et d'alliance avec les forces populaires;
  • La connaissance adéquate de la structure de la classe ouvrière, les efforts pour surmonter la fragmentation qui affaiblit sa lutte, le conflit avec les mécanismes et les méthodes de manipulation utilisés par la classe bourgeoise qui renforce son intervention pour intégrer le mouvement ouvrier;
  • L’évaluation précise et objective de la corrélation des forces, de l’humeur des masses, de la tactique des employeurs et des forces politiques qui sont actives dans le mouvement syndical;
  • L’attention et la formation quotidiennes, ainsi que la sollicitude et le soin de la part des organes dirigeants afin de renforcer les initiatives, l’activité quotidienne des communistes, en particulier des jeunes, dans les lieux de travail, dans les secteurs et les syndicats;
  • Le travail collectif et individuel pour la formation de liens avec la classe ouvrière - même dans les périodes où il n’y a pas de résultats visibles; des liens qui, dans certaines circonstances, seraient convertis en une augmentation du prestige et de l'influence des communistes;
  • La capacité de révéler de manière convaincante - à travers la confrontation idéologique qui se développera dans le cadre des luttes à petite ou grande échelle - les mécanismes d'exploitation et en particulier les conditions de leur suppression.

Nous nous référons ainsi à un plan de lutte et de rassemblement des forces, qui aura un contenu anticapitaliste, et qui intégrera des revendications spécifiques. Ce plan devrait s’appuyer avant tout sur des Organisations du Parti fortes dans les usines, les entreprises, les secteurs d’importance stratégique, et créer de manière dialectique les conditions de leur augmentation.

6.2. LA MISE EN LUMIÈRE DES BESOINS MODERNES DE LA FAMILLE OUVRIÈRE POPULAIRE, LES REVENDICATIONS MODERNES SONT LE LIEN ENTRE LES REVENDICATIONS PARTIALES ET LE CONTENU DE LA LUTTE ANTICAPITALISTE.

La tendance à la hausse des besoins contemporains est objective. Cela est dû au niveau de développement moderne des forces productives, aux réalisations de la science et à leurs applications dans tous les secteurs.

La lutte pour les besoins modernes implique également la formulation de demandes pour la réduction du temps de travail, l'augmentation du temps libre, des vacances et des loisirs. Il y a un siècle et demi que les travailleurs revendiquaient 8 heures de travail, 8 heures de repos et 8 heures de temps libre et social. Aujourd'hui, nous sommes retournés à une journée de travail de 10 ou 12 heures.

Elle implique également des facteurs liés au niveau de vie, tels que la qualité et la quantité des besoins nutritionnels, les conditions de logement et d'emploi, le rôle de l'éducation physique et de l'exercice physique, les soins de santé axés sur la prévention, le traitement des problèmes environnementaux et des maladies professionnelles, l’augmentation de l'espérance de vie, la culture, etc. Elle implique l'infrastructure et les moyens nécessaires à leur satisfaction.

Aujourd’hui, la satisfaction des besoins modernes populaires est objectivement possible dans tous les pays ayant despotentiels de croissance, des moyens technologiques, unemain-d’œuvre qualifiée, des méthodes modernes d’organisation de la production, etc.

La différence entre nos revendications et celles présentées par les partis bourgeois ne réside pas seulement dans la quantité et la qualité des droits, mais va même plus loin, touchant à l'organisation de la société elle-même. Ainsi, par exemple, en termes de soins de santé, nous exigeons non seulement des services de santé gratuits et de meilleure qualité, mais également la priorité de la prévention et de la réhabilitation rapide. Dans le domaine de l’éducation, nous exigeons non seulement des livres publics et gratuits à tous les niveaux de l’enseignement, mais avant tout un contenu radicalement différent de ces livres, des méthodes et des formes d’enseignement radicalement différentes visant à l’éducation globale des enfants.

De même, en ce qui concerne le chômage, en plus d’avancer des demandes de protection des chômeurs, nous soulignons les questions d’un emploi stable avec des droits, de la possibilité de réduire le temps de travail et, finalement, les conditions nécessaires à éliminer le chômage.

L'essence de notre perception des besoins modernes populaires se trouve dans tout cela en tant qu’ensemble; dans le même temps, nous sommes conscients bien sûr du fait que, même si ces besoins doivent faire l'objet des revendications aujourd'hui, leur entière satisfaction ne « rentre » pas dans le cadre du capitalisme, elle suppose la socialisation des moyens de production centralisés et leur intégration dans la planification scientifique centrale de la production.

6.3. LE MOUVEMENT OUVRIER ET LA GUERRE IMPÉRIALISTE

La lutte contre les guerres et les plans impérialistes, contre les alliances impérialistes, contre le nationalisme et le fascisme est une question d’une importance particulière. C’est un élément clé de notre lutte et de l’activité des syndicats de classe. Nous soutenons fermement les campagnes internationales de la FSM et celles en Grèce des syndicats qui se regroupent au PAME, contre l'OTAN, pour la fermeture des bases militaires américaines, pour la solidarité avec tous les peuples en lutte et pour le soutien des réfugiés.

Un travail politique et idéologique quotidien est nécessaire, afin d’assimiler la position selon laquelle, en cas de guerre impérialiste, le mouvement ouvrier ne doit pas suivre une fausse bannière, c’est-à-dire la bannière de la classe bourgeoise. Au contraire, il devrait lutter dans tous les cas pour le renversement de la classe bourgeoise, qui, tant qu’elle existe, entraîné  à la fois la guerre et la paix avec le pistolet sur la tempe du peuple.

6.4. LE KKE FIXE LE RENFORCEMENT DE L’ACTIVITÉ SYNDICALE ORGANISÉE COMME UN ÉLÉMENT CONSTITUTIF DU REGROUPENT

Et avec des objectifs particuliers comme:

  • L’amélioration du degré d’organisation de la classe ouvrière avec la participation massive aux syndicats existants. Le taux de participation total des travailleurs aux syndicats ne dépasse pas aujourd’hui le 25 % et va décroissant. Un recul peut aussi être constaté dans l’organisation et la participation des femmes et des migrants. C’est un des problèmes les plus fondamentaux auquel nous faisons face, c'est-à-dire le faible degré d’organisation de la classe ouvrière. La situation réelle est bien pire que celle que les chiffres officiels décrivent. Le degré d’organisation aux syndicats et aux unions dans le mouvement des travailleurs indépendants et dans le mouvement paysan est encore pire;
  • Le fonctionnement stable des syndicats en tant que critère essentiel du regroupement. Ceci est lié au fonctionnement de leurs comités, la discussion sur l’importance de leurs Assemblées Générales et leur établissement comme un processus d’analyse collective et d’étude de la situation dans des lieux de travail et des secteurs et un processus de planification et d’organisation de la lutte. Des campagnes d’information et la recherche de moyens afin de faciliter la participation des travailleurs. Les syndicats où les forces de classe sont la majorité doivent être un modèle de fonctionnement démocratique, s’occuper de toutes les aspects de la vie des travailleurs;
  • Le travail politique, idéologique et organisationnelle systématique et multiforme pour le changement de la corrélation des forces en faveur des forces de classe;
  • Le renforcement de la solidarité, de l’aide à l’autrui et du soutien de classe à la famille ouvrière-populaire et à chaque ouvrier individuellement. Il a été prouvé historiquement que dans des situations critiques de crise, de pauvreté massive, de chômage et de guerre, ce soutien peut devenir un élément déterminant pour l’activation et le rassemblement de nouvelles masses. Souvent, il est considéré comme pas important, sous les difficultés provoquées par le manque de liens et donc, il n’est pas utilisé en tant qu’outil d’amélioration de ces liens. D’une importance particulière est le travail relatif mais plus spécial concernant les chômeurs et les migrants installés de façon permanente dans notre pays;
  • Le renforcement de la Fédération Syndicale Mondiale au niveau européen et international, le renforcement des organisations sectorielles de la FSM par de nouveau syndicats et de nouvelles fédérations, le renforcement des initiatives et de la lutte coordonnée, l’expression pratique de solidarité aux luttes des travailleurs, aux peuples qui se battent contre les interventions et les guerres impérialistes.

6.5. CONSTRUCTION DU PARTI

Une autre question cruciale concerne la manière dont un parti communiste agit et se construit dans la pratique, en tant que dirigeant de la lutte de classe, en tant que dirigeant de la mobilisation des masses populaires autour des problèmes quotidiens et également autour des questions générales concernant des perspectives d'avenir, à savoir pour former les conditions préalables subjectives dans la lutte anti-monopole anticapitaliste de classe pour le socialiste-communiste.

Nous sommes conscients du fait que la lutte économique en soi ne mène pas à une lutte politique révolutionnaire. Pour ce raison, en luttant pour les problèmes quotidiens de la classe ouvrière et ses alliés sociaux, on ne doit pas perdre le principal objectif, à savoir la lutte idéologique-politique planifiée et acharnée pour laconnaissance plus approfondie de la nécessité d’abolir totalement l’exploitation et construire la société sans classes.

La difficulté des relations entre le Parti et le mouvement syndical - tant sur le plan de la pratique politique que sur le plan théorique - découle du fait que le Parti communiste est la forme d'expression consciente la plus élevée du mouvement ouvrier. Par conséquent, toute référence au mouvement de la classe ouvrière doit être accompagnée d'une référence au mouvement communiste.

Cependant, des formes inférieures d'organisation de la classe ouvrière existent et continueront d’exister aussi bien dans des conditions non révolutionnaires que dans les conditions d'une montée révolutionnaire, ainsi que pendant la période de construction socialiste.

Les syndicats et généralement les formes inférieures d’organisation influencent, jouent un rôle dans l’organisation et la formation de la conscience de classe de la classe ouvrière. C’est pour cela que l’intervention continue et déterminante des forces du Parti communiste dans le conflit pour l’orientation du mouvement ouvrier syndical est nécessaire, dans n’importe quelles conditions, révolutionnaires ou pas.

Objectivement, il n’y a pas de syndicats politiquement neutres. Dans les syndicats dominera soit la ligne de la collaboration des classes, du syndicalisme patronal – gouvernemental, soit la ligne du courant réformiste opportuniste, soit la ligne de la lutte anticapitaliste antimonopoliste. Par conséquent, la lutte idéologique et politique dans le mouvement est importante pour atteindre l’objectif de l’organisation d’une partie importante de la classe ouvrière dans une direction anticapitaliste, pour approfondir et étendre ses liens avec le Parti.

À cause de tout cela, la relation du Parti avec les organisations ouvrières de masse est de fait assez complexe. L’effort de visualiser cette relation a troublé le mouvement communiste international, il a été souvent accompagné par des absolutismes et des erreurs, tant dans la généralisation théorique que dans la pratique.

Un élément essentiel qui détermine le rôle et l’efficacité du Parti dans le mouvement ouvrier, dans la lutte de classe, est la construction du parti dans l’industrie, dans des secteurs d’importance stratégique, en liaison avec l’augmentation de sa force et de son influence sur la grande masse de la classe ouvrière et surtout sur ses parties les plus nouvelles.

Dans ce cadre, il est particulièrement important de pouvoir pénétrer dans des secteurs d’importance stratégique et dans des secteurs croissants dynamiques de l’économie.

  • Améliorer le taux des ouvriers et ouvrières industriels et du nombre des cellules dans des grandes entreprises d’une importance stratégique.
  • Améliorer la composition sociale du Parti quant au taux des ouvriers et des ouvrières.
  • Améliorer la composition du Parti en ce qui concerne l’âge de ses membres, avec des recrutements par la KNE et parmi les âges de 18-40 ans.
  • Augmenter les recrutements des femmes et renforcer leur taux total dans le parti entier et dans les instances dirigeantes.

Sur la base de ces critères déterminés par le 20ème congrès du KKE, nous estimons l’efficacité de notre intervention dans chaque action, chaque mobilisation et chaque activité.

Nous renforçons notre travail dans la classe ouvrière et pour le regroupement du mouvement ouvrier syndicaliste et la construction d’une alliance sociale forte, d’une alliance de la classe ouvrière avec les petits et moyens agriculteurs et les travailleurs indépendants dans les centres urbains, qui luttera dans une direction antimonopoliste – anticapitaliste. Nous donnons le meilleur de nous-mêmes pour le regroupement du mouvement communiste international sur une base révolutionnaire. Avec ces objectifs, nous planifions notre action dans une période complexe.

Nous sommes conscients des difficultés et nous sommes déterminés à les confronter avec une organisation appropriée, en utilisant le pouvoir de la classe ouvrière. Avec notre action, nous créons les conditions pour la contre-attaque de la classe ouvrière et en même temps la condition la plus importante et la plus fondamentale de cette affaire: le renforcement organisationnel, idéologique et politique du KKE avant tout au sein de la classe ouvrière.

Il est maintenant temps de concentrer des forces et de lutter contre les groupes monopolistes des entreprises, contre les capitalistes et leurs gouvernements, avec un plan reposant avant tout sur des organisations fortes du KKE et de la KNE dans les usines, les entreprises, les secteurs d’importance stratégique, dans les centrales électriques, les télécommunications, les transports publics, les ports et les aéroports, les centres commerciaux, les unités de soins de santé et, en même temps, parmi les travailleurs indépendants des centres urbains, dans les établissements d'enseignement pour les jeunes, dans les lieux où les jeunes des familles populaires ouvrières se rassemblent.

Nous honorons les 100 ans de notre parti héroïque, les innombrables personnes qui ont donné leur vie pour notre parti en renforçant le KKE. Nous renforçons la solidarité internationaliste en mettant en pratique le slogan «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ».

Il est nécessaire de renforcer la lutte dans tous les pays pour que les PC deviennent des partis ouvriers de masse qui organiseront et dirigeront la lutte de millions de personnes opprimées pour le renversement du système capitaliste en décomposition qui ne nourrit que la pauvreté, les guerres impérialistes, la destruction et les réfugiés, pour le socialisme-communisme! 

 

[1]              F. Engels,  Articles  parus  dans  la "Demokratischen  Wochenblatt"  le  21 et 28 mars 1868

[2]          Karl Marx, Le Capital, Livre II.

[3]          Fr. Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre. 

[4]          V.I.Lénine, Œuvres Complètes, Les élections à l'Assemblée Constituante et la dictature du prolétariat.

[5]          V.I.Lénine, Œuvres Complètes,  La grande initiative.

[6]          Karl Marx – Fr. Engels, Le manifeste du Parti communiste.