Les forces de collaboration de classe dans le mouvement communiste, défendent comme idéal une ligne où les Partis communistes jouent un rôle de « force d'appoint » de la social-démocratie afin de créer une « majorité sociale et solidaire ». Le modèle d' « unité de la gauche » a été défendu dans ce cadre-là, en Grèce et ailleurs.
Par rapport à la question des alliances, le KKE n'a pas cédé aux pressions qui se sont exercées sur elle en Grèce à travers l'argumentaire de l' « unité de la gauche » . Un argumentaire qui dans notre pays a été défendu par le parti-membre du PGE, Synapsismos (Une union de forces opportunistes, certaines d'entre elles ont quitté le KKE en 1968 sous la bannière de l'euro-communisme et en 1991 sous la bannière du « Gorbachevisme »)
Le fait que le KKE ait rejeté l'impasse de la pseudo « unité de la gauche » signifie que le KKE a une politique d'alliance qui répond aux intérêts de la classe ouvrière, des couches populaires et des besoins de la lutte de classe. Nous concentrons notre attention sur l'alliance socio-politique, qui repose sur l'unité d'action et la communauté d'intérêts, sur une ligne commune de lutte entre la classe ouvrière et les indépendants urbains et ruraux. Une alliance qui rentrera en conflit avec les monopoles, l'impérialisme, tout comme la lutte pour une autre voie de développement pour notre pays, la voie du pouvoir et de l'économie populaire, où les moyens de production seront socialisés, où existera une planification centralisée de l'économie sous contrôle ouvrier. Pour les communistes, il ne peut y avoir de « pouvoir intermédiaire » ou de « système intermédiaire » entre capitalisme et socialisme. Pour les communistes, le pouvoir et l'économie populaire signifient société socialiste.
Le KKE juge qu'on ne peut pas avoir une situation aussi négative dans le mouvement ouvrier aujourd'hui où les partenaires du PGE, les bureaucrates jaunes de la CSI, dominent et d'autre part au niveau politique l'existence d'une alliance politique radicale
Aujourd'hui, les Partis communistes ont accumulé une expérience importante et peuvent se libérer de la perspective selon laquelle une politique d'alliance signifie réunir des forces qui ont fait défection au mouvement communiste. Les conclusions nécessaires doivent être tirées de cette défection. Car ils n'ont pas quitté les rangs des Partis communistes et créé des groupes/partis opportunistes par hasard, non parce qu'il existait des désaccords de détail mais bien sur le fond, et qu'ils ont capitulés et se sont soumis au système capitaliste, contribuant à perpétuer le système d'exploitation. Leur réponse à la question cruciale: « avec le peuple ou les monopoles? » est que, en théorie comme en pratique, ils sont du côté des derniers. Et tout en pouvant évoquer leurs racines communistes, ils mènent une offensive anti-communiste et anti-socialiste systématique contre le Marxisme-Léninisme; ils cherchent à corrompre la corruption et le désarmement politique et idéologique des Partis communistes, leur dissolution dans des formations opportunistes qui finissent dans les bras de la social-démocratie. Ce ne sont pas des forces « qui ne disent pas les choses aussi bien les communistes », mais des forces qui leur sont hostiles.
Au lieu de l'habituelle union des directions avec les formations et partis opportunistes ainsi qu'avec la social-démocratie au nom de l' « unité de la gauche », dont le mouvement communiste a tant pâti dans le passé, la tâche principale aujourd'hui pour les Partis communistes est la libération massive de la classe ouvrière et des forces populaires sous influence des partis bourgeois, tant sociaux-démocrates que libéraux. Sur cette base, les conditions préalables à la concentration des forces pour qu'une alliance sociale soit possible en Grèce seront créées, à travers le rassemblement de forces dans des fronts communs d'action d'organisations comme le Front militant des travailleurs (PAME), le Rassemblement militant de paysans (PASY), le Rassemblement des Travailleurs Independants (PASEVE), la Fédération des femmes grecques (OGE) et le Front militant des étudiants (MAS). C'est cette activité commune qui déterminera le temps qu'il nous faudra pour avoir une alliance socio-politique pleinement formée au niveau politique des forces anti-impérialistes et anti-monopolistes. Seul ce travail peut créer des liens avec la classe ouvrière et les masses populaires. En tout cas, les communistes ne peuvent rien construire sans un travail constant parmi les masses, guidés constamment par leur objectif stratégique du socialisme et par l'alliance qui les y mènera, en renforçant leur parti, qui est la force dirigeante irremplaçable de la classe ouvrière.
C'est la ligne politique que le KKE a suivi après le départ des forces opportunistes en 1990, et il a été démontré que le KKE n'était non seulement pas « isolé des masses », comme certains l'avaient espéré, mais avait même renforcé ses liens avec la classe ouvrière et les masses populaires. Cela est ressorti de façon patente dans les mobilisations et les grèves, où les communistes ont été à l'avant-garde. C'est patent aussi dans les résultats électoraux, qui ne sont pas l'indicateur le plus important pour les communistes, mais seulement un parmi tant d'autres. Lors des premières élections après la scission (1993) avec les opportunistes, le KKE a obtenu 4.5% (300 000 voix), en 2010 il a obtenu près de 11% et 600 000 voix.
Notre but de renversement de l'impérialisme au lieu de son humanisation, c'est plus que jamais d'actualité pour le KKE. Pour le KKE le front stable contre l'opportunisme est caractéristique de notre identité communiste, Marxiste-Léniniste. Cette identité et sa défense sont fondées aujourd'hui sur le rejet du PGE, son abandon par les Partis communistes qui en sont soit membres soit observateurs. Cette expérience n'est pas liée aux particularités de chaque pays pris individuellement. Au contraire, elles font partie du patrimoine collectif d'expériences du mouvement communiste. Ce sont des principes qui sont des préalables nécessaires à toute période et sont vrais pour chaque PC afin qu'ils puissent répondre au défi des luttes de classe les plus dures, du renversement du pouvoir des capitalistes et de construction du socialisme et du communisme.