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La signification de la Révolution d’Octobre à l’époque de passage du capitalisme au socialisme – communisme

par Dimitri Koutsoumbas

En 2017 nous célébrons le 100e anniversaire de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre 1917 en Russie qui a marqué et déterminé la voie de millions de gens non seulement au sein de l’espace géographique de la constitution du premier état ouvrier dans l’histoire de l’humanité, dans le territoire de l’ex URSS, mais apposa son sceau dans chaque coin de la planète, pour plusieurs décennies.

Octobre a démontré la possibilité et la capacité de la classe ouvrière à réaliser sa mission historique, en tant que seule classe réellement révolutionnaire, à se placer en tête de la cosmogonie de la construction du socialisme-communisme.

Octobre montre en même temps le rôle irremplaçable du facteur dirigeant de la révolution socialiste, du Parti Communiste.

Le Grand Octobre montre l’immense puissance de l’internationalisme prolétarien. Malgré tout ce qui s’est passé depuis les renversements de 1989-1991, le 100e anniversaire de la Révolution d’Octobre, avec toute l’expérience et le murissement théorique et pratique acquis durant toutes ces années, nous rend encore plus certains et catégoriques quant à l’actualité et la nécessité du socialisme-communisme.

Les renversements contre-révolutionnaires ne changent pas le caractère de l’époque. Le 21e siècle sera le siècle d’une nouvelle montée du mouvement révolutionnaire mondial et d’une nouvelle série de révolutions socialistes.

Les luttes quotidiennes pour des conquêtes partielles et plus globales sont sans doute nécessaires, mais elles ne peuvent pas donner des solutions substantielles, à long terme et définitives. Le socialisme demeure la seule et unique issue.

La nécessité du socialisme apparait du fait même de l’exacerbation des contradictions du monde capitaliste contemporain, du système impérialiste international. Les conditions matérielles pour le socialisme, à savoir la force de travail et les moyens de production, ont mûri au sein même du capitalisme.

Le capitalisme a socialisé le travail, la production, à un degré sans précédant. La classe ouvrière, la principale force de production, constitue la majorité de la population économiquement active. Pourtant, les moyens de production, les produits du travail social constituent une propriété privée, capitaliste.

Une telle contradiction est à la base de tous les phénomènes de crise des sociétés capitalistes contemporaines, comme les crises économiques, la destruction de l’environnement, le problème de la drogue, le temps de travail journalier élevé malgré l’augmentation importante de la productivité du travail, lequel coexiste évidemment avec le chômage, le sous-emploi et l’emploi à mi-temps, l’intensification de l’exploitation de la force de travail, et tant d’autres.

Mais, simultanément, ce même fait signale la nécessité de l’abolition de la propriété privée sur les moyens de production concentrés, de leur socialisation et leur usage planifié dans la production sociale, la planification de l’économie de la part du pouvoir ouvrier, de sorte que les rapports de production correspondent au niveau de développement des forces productives.

La Grande Révolution Socialiste d’Octobre, la première bataille victorieuse dans l’histoire pour l’émancipation de la classe ouvrière, conserve intacte son influence jusqu’aujourd’hui. De prévision, le socialisme s’est transformé en réalité concrète.

La victoire de la révolution a donné la possibilité de concentrer ses enseignements en une théorie intégrée pour le Révolution Socialiste et le Parti. Par ses enseignements, elle a fourni la base idéologique et politique pour la constitution de l’Internationale Communiste, pour une nouvelle poussée du mouvement Communiste International.

L’héritage théorique d’Octobre, enrichi de l’expérience des révolutions socialistes qui suivirent, est précieux.

Il confirme dans la pratique la justesse de la théorie marxiste-léniniste sur la révolution, qui découle de l’analyse systématique de l’impérialisme sous tous ses aspects, à savoir que la révolution mûri dans la voie de l’évolution historique et éclate dans une période déterminée par un complexe d’une série de causes objectives et subjectives.

Les impérialistes et les renégats de tout bord déforment ou passent sous oubli l’importance de la Révolution d’Octobre, car évidemment ils comprennent très bien qu’avec sa victoire la théorie et les idées du marxisme sont devenues une force matérielle, ont mobilisé et mobilisent des millions de travailleurs de par le monde contre le pouvoir du capital, elles ont vaincu et organisé leur propre état de la dictature du prolétariat qui, du fait qu’il s’appui sur les producteurs directs, la majorité ouvrière, est la forme supérieure de démocratie que l’humanité ait connue jusqu’à présent.

Si au 19e siècle les Communards de Paris ont pris leur pouvoir ouvrier et l’ont conservé juste 70 jours, le nouvel assaut vers le ciel a duré 70 ans, a construit le socialisme avec une immense contribution envers le monde entier, a dépassé les limites d’un seul pays.

L’attitude nihiliste envers le socialisme que nous avons connu, l’adoption de points de vue faisant état d’un échec global – étant donné que sa marche fut interrompue – est une attitude antiscientifique et antihistorique, elle conduit vers des voies sans issue.

Le socialisme a été construit, s’est développé, a mis sur la voie de la solution de grands problèmes économiques et sociaux. Mais, pour un certain nombre de raisons, il n’a pas été possible de mettre en avant et surtout de libérer, tout au long de sa voie de construction, ses capacités intrinsèques de développement et de perfectionnement continus, de consolidation au cours de la lutte avec le système capitaliste.

Mais ceci ne remet pas en aucun cas en cause la contribution et le rôle du système socialiste tel qu’il s’est formé au cours du 20e siècle, indépendamment de manques, faiblesses et erreurs ayant apparu au cours de cette marche difficile.

Ce qui objectivement a été balisé par la Révolution d’Octobre et reste un fait indéniable, c’est que l’avenir de l’humanité c’est le socialisme. C’est le système qui dans l’évolution historique va créer les nouveaux rapports sociaux, les rapports socialistes-communistes, ayant au centre de ses préoccupations l’homme et la satisfaction de tous ses besoins.

La Révolution d’Octobre a confirmé, en pratique, l’élaboration léniniste sur le maillon faible de la chaine impérialiste. Jusqu’à ce moment-là il manquait au mouvement international la documentation théorique sur la possibilité de victoire de la révolution socialiste dans un premier temps dans un pays ou groupe de pays, qui apparaissent comme des maillons faibles, en tant que résultat de l’exacerbation des contradictions internes sous l’influence de l’évolution internationale.

Bien sûr, à cause du développement économique et politique inégal, il est probable que de tels caractéristiques se manifestent dans des pays avec un niveau de développement moyen ou inférieur, où il est certainement plus facile que le processus révolutionnaire commence, mais extrêmement  difficile que la construction socialiste continue victorieusement. Les élaborations de Lénine ont contribué au développement du marxisme et globalement de la pensée stratégique des bolchéviques.

Lénine et le parti bolchévique ont exercé une influence déterminante sur la confrontation avec la fraction de la social-démocratie qui, en violant les décisions de la 2e Internationale, a soutenu les classes bourgeoises de leurs pays, tantôt en votant les crédits de guerre aux parlements, tantôt en participant à des gouvernements qui menèrent des guerres, soi-disant pour qu’il y ait une «évolution pacifique», en défendant la paix impérialiste avec un révolver sur la tempe des peuples. Une ligne qui inévitablement les enfonçait de plus en plus dans la guerre impérialiste, dans l’exacerbation des oppositions et antagonismes des états impérialistes et de leurs alliances.

Avec la ligne stratégique qu’il suivit,  Lénine a précisé que, du point de vue du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière dans l’objectif de la révolution et de la conquête du pouvoir ouvrier, la question n’était pas une simple opposition de caractère «pacifiste» à la guerre, mais surtout la mise en valeur des brèches apparaissant de manière objective dans de telles conditions au sein du camp impérialiste, la mise en valeur de l’affaiblissement de le classe bourgeoise de chaque pays, dans le but de transformer cette guerre impérialiste dans chaque pays –qu’il soit placé en position «d’assaillant» ou bien en position de «défense»- en lutte pour le renversement du pouvoir de la classe bourgeoise qui provoque des tueries et de la pauvreté pour les enfants de la classe ouvrière, pour le peuple de chaque pays.

Avec la Révolution d’Octobre, la thèse léniniste à propos de l’époque contemporaine, époque du capitalisme monopoliste, c’est-à-dire du stade impérialiste du capitalisme, époque de passage du capitalisme vers le socialisme, c’est-à-dire époque des révolutions socialistes, fut confirmée.

La Grande Révolution Socialiste d’Octobre a également confirmé le rôle de l’opportunisme en tant qu’expression idéologique et politique de parties corrompues de la classe ouvrière, en tant qu’influence de l’idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise au sein du mouvement ouvrier.

Lénine, sur la base de l’expérience d’Octobre, a traité en particulier des questions du pouvoir du nouvel état ouvrier, la dictature du prolétariat. Il étudia également en détail l’expérience de la Commune, l’expérience des soviets de la révolution de 1905 en Russie, le rôle de l’état sur la base de l’héritage de Marx et d’Engels.

Sa contribution fut importante au sujet du discernement des germes des organes du pouvoir nouveau, du caractère de la dictature du prolétariat en tant que forme supérieure d’organisation étatique du pouvoir de classe, pour le passage de la société socialiste précoce, imparfaite vers la société pleinement communiste, supérieure, aussi bien du point de vue de la forme que du point de vue du contenu.

Il s’agit là d’une expérience et d’un enseignement qui revêtent une valeur inaltérable dans le temps, qui conservent leur importance actuelle au sujet de l’organisation de la lutte populaire ouvrière, quand s’exacerbe la lutte de classe en conditions de crise révolutionnaire, de situation révolutionnaire, l’organisation et l’expression de l’alliance de la classe ouvrière avec les couches populaires pauvres, se alliés naturels, la paysannerie pauvre et les travailleurs indépendants, avec la classe ouvrière à l’avant-garde, leur transformation en force révolutionnaire capable de prendre la tête d’un conflit décisif avec le pouvoir bourgeois et de former les nouvelles institutions ouvrières populaires du nouveau pouvoir.

Le KKE, en étudiant la précieuse expérience de la Révolution d’Octobre, l’héritage de Lénine, l’expérience elle-même du Mouvement Communiste International, en a inscrit les conclusions dans ses élaborations et documents successifs (Réflexions sur les causes des renversements 1995, étude de l’expérience de l’URSS et de l’édification socialiste, cause des renversements 18e Congrès 2009, élaboration du nouveau programme et des nouveaux statuts au 19e Congrès 2013).

Nous sommes arrivés à la conclusion décisive selon laquelle la fixation du but politique, le pouvoir ouvrier, doit s’effectuer sur la base de la détermination objective du caractère de l’époque qui est déterminé par l’appartenance de classe du mouvement qui se trouve objectivement à l’avant-scène de l’évolution sociale.

C’est ceci qui détermine le caractère de la révolution et non pas le rapport de forces, comme le posent d’autres Partis Communistes.

Bien entendu, le rapport entre les deux classes antagonistes fondamentales, la classe bourgeoise et la classe ouvrière, comme également l’attitude des couches moyennes, est un facteur déterminant au sujet de la question relative au moment où la révolution socialiste peut avoir lieu. Dans ce sens, un PC doit tenir compte du «rapport de classe» au sens léniniste, à savoir quel est la relation des classes avec le pouvoir.

En même temps, le PC doit tenir compte et apprécier le rapport de forces au sein du mouvement ouvrier, dans les mouvements de ses alliés sociaux, mais en tant qu’élément nécessaire pour la mise en place d’éventuels manœuvres appropriées, pour l’élaboration de mots d’ordre, afin de pouvoir attirer les masses vers le combat pour le pouvoir à travers leur propre expérience.

Mais ceci ne doit, en aucun cas, devenir un alibi pour la soumission du mouvement ouvrier, communiste à quelque forme de gouvernement bourgeois, de participation ou d’attitude de tolérance à un tel gouvernement dans le cadre du capitalisme.

En Grèce, durant les dernières années de crise, toutes les fleurs des idéologismes bourgeois mais aussi opportunistes ont prospéré. Il y eut un débat nourri –qui continue à l’heure actuelle- à propos de la nécessité de la formation d’un gouvernement «de gauche», «progressiste», «démocratique», «anti-droite», «anti-mémorandum», «patriotique», «national», «œcuménique» (c’est bien tous ces noms qui ont été utilisé pour de tels gouvernements) comme une proposition immédiate de sortie de la crise économique et de la politique antipopulaire.

Ces propositions sont lancées aussi bien de la part de partis traditionnels bourgeois que de la part d’autres partis bourgeois nouvellement formés, mais également de la part de partis couvrant l’arc «gauche» du spectre politique. Le mouvement ouvrier doit rejeter tous ces pièges de manipulation de la lutte populaire ouvrière et d’incorporation du mouvement.

Ne pouvaient pas manquer, bien sûr, les «menchéviques» impénitents de notre époque et autres «communistes» tardifs qui, entre autre, suivent avec retard l’évolution de la pensée révolutionnaire. Ils avancent –en toute ignorance de l’histoire- l’élaboration léniniste d’avant la révolution démocratique bourgeoise de février 1917 en Russie, à propos de la possibilité d’un gouvernement provisoire des ouvriers et des paysans, c’est-à-dire dans des conditions où le pouvoir tsariste n’était pas encore renversé. Mais quel est le rapport avec la situation d’aujourd’hui ?

C’est un fait indéniable que les conditions de cette situation là étaient complètement différentes, étant donné qu’il s’agissait d’une situation révolutionnaire, d’un peuple organisé en soviets, armé, d’un état bourgeois qui n’avait pas encore eu le temps de se constituer dans l’ensemble de ses mécanismes.

Dans les conditions actuelles de situation non révolutionnaire, d’un pouvoir bourgeois établi depuis plusieurs décennies déjà, avec un état bourgeois pleinement organisé, un tel objectif de gouvernement transitoire-provisoire signifie en fait une période de collaboration avec des forces de la classe bourgeoise afin d’accorder au capitalisme un souffle, pour que le système puisse dépasser ses difficultés, aussi bien provisoires que plus générales.

En plus et surtout. De quel droit est-il nécessaire, pour le mouvement révolutionnaire, de généraliser une idée qui était liée à une probabilité, laquelle en plus n’a pas finalement été réalisée, et il ne serait pas nécessaire de généraliser la stratégie de Lénine et des bolchéviques qui a conduit à la victoire ?

Naturellement, tous ces faux-amis «bienveillants» d’aujourd’hui ne soufflent pas un mot à propos des thèses et des actes politiques de Lénine, à commencer par le moi d’avril, après la chute du tsarisme, où il a proclamé la victorieuse révolution socialiste en Russie, conduisant pour la première fois dans l’histoire le prolétariat à l’«assaut vers le ciel» et à la prédominance de la révolution, en traçant ainsi la ligne et en ouvrant la voie vers le socialisme – communisme.

L’expérience historique montre que les premiers gouvernements «ouvriers», «de gauche» sont issus de partis socio-démocrates, ou bien en tant que gouvernements de coalition de socio-démocrates avec d’autres partis bourgeois de l’époque. Il n’y a pas un seul cas dans l’histoire du mouvement ouvrier international, y compris en cette période-là juste après la 2e Guerre Mondiale, où ces gouvernements n’ont pas été formés essentiellement en tant que manœuvres de la classe bourgeoise pour faire face à la montée révolutionnaire, pour incorporer le mécontentement ouvrier, populaire dans des conditions de très grande crise économique, avant ou après la guerre.

L’objectif d’un tel gouvernement «de gauche», «ouvrier» dans le cadre du pouvoir capitaliste, sans renversement révolutionnaire, à travers des processus parlementaires, fut ensuite adopté  par certains PC en tant qu’un objectif intermédiaire avec des mesures transitoires, dans le but –croyait-on- de faciliter la lutte pour le socialisme et de résoudre également certaines revendications populaires partielles qui étaient déjà mûres.

Pourtant, l’expérience montre que partout, malgré les bonnes intentions des PC, non seulement il n’a pas été possible d’ouvrir une fenêtre – et encore moins la voie – vers le socialisme, mais même pas d’assurer en définitive la stabilisation de certains acquis du mouvement populaire. Selon l’expérience de plusieurs pays, ici avant, là après la 2e Guerre Mondiale, et jusqu’à nos jours, des Partis Communistes se sont finalement retrouvés désarmes sur le plan organisationnel,  idéologique, politique.

L’expérience historique et l’importance du grand Octobre sont insurpassables. Elles confirment la fait que le salut de la classe ouvrière et des autres couches populaires, en conditions de crise économique et politique capitaliste, en conditions de guerre impérialiste, est possible uniquement à travers la voie du renversement du pouvoir et de la propriété capitalistes, qui présuppose bien entendu l’affaiblissement, la faillite complète de ses diverses versions «de gauche» qui pointent à travers la façade du dangereux réformisme-opportunisme et de la «gauche au gouvernement» qui en Grèce est exprimée par SYRIZA, mais également par ses satellites occasionnels, tels LAE, ANTARSYA et autres groupes quantitativement et qualitativement marginaux qui gravitent autour d’eux et leur donnent l’alibi d’un élargissement factice.

L’expérience et l’élaboration théorique des bolchéviques, de pair avec leur action révolutionnaire, pendant la période entre la révolution de 1905 et la Révolution d’Octobre, revêtent d’une grande importance à travers le temps pour les communistes du monde entier. Elles concernent tous les aspects de l’action d’un parti révolutionnaire ouvrier, qui ne perd pas de vue l’objectif du pouvoir ouvrier.

Elles offrent également une précieuse expérience pour le travail des communistes en direction de larges masses ouvrières, de masses ouvrières immatures et de couches populaires pauvres. Elles montrent le mouvement continu et en même temps contradictoire de l’évolution de l’alliance de la classe ouvrière et d’autres couches populaires qui lui sont alliées.

Elles enseignent que les intentions de lutte -et même les intentions révolutionnaires- élevées coexistent avec des idées et points de vue désorientantes. Evidemment, les intentions les plus fermes se développent entre les ouvriers d’usine, la classe ouvrière.

Il est donc d’une grande importance que l’avant-garde idéologique et politique, le Parti Communiste, élabore et suive de près la ligne politique, intervienne substantiellement et concrètement de sorte que le mouvement des masses soulevées, la protestation combative et la confrontation planifiée, l’action subversive prennent une orientation révolutionnaire, tout en tenant compte du fait qu’à l’intérieur des rangs du mouvement agissent des forces influencées par l’idéologie bourgeoise, une multitude de forces petite-bourgeoises indécises, et tout ceci est transféré dans les rangs de l’avant-garde.

La capacité d’adaptation incessante du Parti des Bolchéviques avec à sa tête Lénine, ne l’a pas conduit au sentier erroné de l’effacement de l’essence des objectifs du renversement révolutionnaire et du pouvoir ouvrier. Le fait d’être à la hauteur de chaque devoir grâce à la juste adaptation à ce devoir ne doit pas conduire à une modification graduelle de l’objectif stratégique au nom de l’adaptation. Ceci est crucial pour chaque PC.

Sinon, il y a un danger réel d’être dilué dans les masses, de se faire incorporé sur des positions au sein du système, de transformer la stratégie en une manœuvre perpétuelle et en tactique, comme par ailleurs on ne doit pas perdre de vue qu’on peut être amené au glissement -aussi douloureux pour la classe ouvrière et anodin bien sur pour la bourgeoisie- vers le retranchement, le dogmatisme.

La continuelle mise en valeur créative de la méthode et de l’expérience avec laquelle ont travaillé les bolchéviques, sous la conduite du Parti et de Lénine, dans leur activité politique quotidienne, la manière réussie dont ils ont combiné le travail théorique avec l’étude de l’évolution des événements, intérieurs et internationaux, de l’expérience elle-même de la lutte de classe, doit constituer un souci permanant actuel des Partis Communistes.

A travers ce processus on peut également donner une réponse marxiste-léniniste claire à la grande question, pourquoi la stratégie victorieuse des bolchéviques n’a pas fait l’objet d’élaboration fondamentale de la part du Mouvement Communiste International, mais il est parti dans la direction d’élaborations précédentes, en privant en fait la ligne léniniste de son contenu ouvrier révolutionnaire, d’où plusieurs PC ont précipité vers les positions de la social-démocratie et de l’opportunisme.

Le fait que le contenu révolutionnaire, les conquêtes issues du résultat de la révolution d’Octobre dans une marche de plusieurs décennies ont été affaiblies sous l’effet de l’effort de la résolution des problèmes réels de l’édification socialiste dans une direction erronée, comme nous disons habituellement, en suivant des recettes du capitalisme, une marche qui coïncide dans le temps avec les décisions du 20e Congrès du PCUS en 1956, ne change pas, ne modifie pas la dynamique interne de l’édification socialiste, et davantage la signification déterminante de la Grande Révolution d’Octobre 1917.

Le socialisme n’a pas pu soutenir, au cours de cette première grande tentative, la lutte avec l’ancien, la lutte avec la réaction, aussi bien à l’intérieur que sur le plan international, ce qui eut comme résultat sa dégénérescence et finalement son renversement, qui est passé dans sa dernière phase avec la fameuse pérestroïka au milieu des années 1980, pour que la contre-révolution et la restauration capitaliste en URSS et dans les autres pays socialistes d’Europe et de l’Asie s’achève au début des années 1990.

De toute façon, l’encerclement capitaliste du système socialiste a été un amplificateur puissant des problèmes et contradictions internes. Il conduisait à des décisions qui rendaient l’édification socialiste plus difficile. Un aspect qui a été très peu mis en évidence est le fait objectif que la course aux armements à laquelle les pays socialistes, et avant tout l’URSS, ont été conduits dans leur confrontation avec la barbarie capitaliste, absorbait une grande partie des ressources économiques et autres de l’URSS et des autres pays socialistes.

En même temps, la ligne de la «coexistence pacifique», développée essentiellement au cours du 20e Congrès du PCUS et par la suite, a permis le développement de plusieurs idées utopiques selon lesquelles il est possible que l’impérialisme renonce à  la guerre et aux moyens militaires.

Un rôle important dans la formation du rapport de forces mondial a été joué par l’évolution au sein du Mouvement Communiste International, sa rupture, des questions ayant trait à sa stratégie.

La dissolution de l’Internationale Communiste en 1943, dans les conditions historiques et politiques concrètes d’alors, a de toute façon marqué l’absence d’un centre d’élaboration de la stratégie ouvrière révolutionnaire face à la classe bourgeoise internationale, face au système capitaliste international.

Malgré le fait que, surtout pendant la période de la 2nde Guerre Mondiale, sont apparu des conditions d’exacerbation des contradictions de classe, la lutte antifasciste des peuples n’a conduit au renversement du pouvoir bourgeois que dans des pays de l’Europe Centrale et de l’Est, avec la contribution décisive de l’Armée Rouge.

Dans l’Ouest capitaliste les Partis Communistes n’ont pas pu élaborer une stratégie de transformation de la guerre impérialiste ou de la lutte de libération en lutte pour la conquête du pouvoir ouvrier.

Après la fin de la 2nde Guerre Mondiale apparut le manque de liaison organisationnelle des PC pour la mise au point d’une stratégie autonome face à la stratégie unifiée de l’impérialisme international. Les Conférences Internationales tenues par la suite n’ont pas pu contribuer à l’unité idéologique et au tracement d’une stratégie révolutionnaire.

Notre Parti tire les enseignements de se propres faiblesses et ses erreurs dans le passé, comme le manque de préparation théorique et politique de juger à temps l’évolution de la contre-révolution en URSS.

Nous considérons comme une responsabilité et un droit de chaque PC l’étude des questions théoriques du socialisme, l’évaluation la marche de l’édification socialiste, le puisage des enseignements à propos du front contre l’opportunisme sur le plan international, la préparation les forces du parti et plus généralement les forces de classe pour l’interprétation  de la lutte de classe sur le plan international, l’interprétation scientifique et de classe des pas en arrière dans le mouvement et l’évolution sociale. C’est dans cet esprit internationaliste et communiste que nous essayons de suivre les développements actuels de la situation dans des pays comme la Chine, le Vietnam, Cuba et d’autres.

L’interprétation scientifique et la défense de la contribution du socialisme au 20e siècle constitue un élément de renforcement de la stratégie révolutionnaire du mouvement communiste.

L’étude des oppositions et des contradictions, des erreurs subjectives de tout le mouvement historique est un processus de développement de la théorie du socialisme-communisme, d’où peut résulter une vivification idéologique et politique et une suprématie du mouvement communiste pour un nouvel assaut et une victoire définitive.

Nous sommes convaincus que la victoire définitive nait également à travers les défaites successives. La «défaite» de la révolution d’Octobre par la contre-révolution de 1989-1991 peut devenir une leçon pour la révolution suivante. Et, comme l’a écrit un illustre intellectuel, l’hongrois Laszlo Giourko : «La révolution c’est la plus grande ivresse de l’humanité. Celui qui en a gouté une fois n’oublie jamais son goût».

Parmi nos devoirs primordiaux d’aujourd’hui c’est celui de rétablir aux yeux des travailleurs la vérité sur le socialisme du 20e siècle, sans idéalisations, objectivement et débarrassée des calomnies de la classe bourgeoise qui se fondent entre autres sur les destructions apportées par la contre-révolution.

Le capitalisme peut encore aujourd’hui être puissant, mais il n’est pas pour autant tout-puissant. Les peuples sont forts, quand ils luttent avec une stratégie adéquate. Nous envisageons le 21e siècle avec confiance.

Le 20e siècle a débuté avec l’assaut des prolétaires le plus grand de tous les temps, et s’est terminé avec leur défaite provisoire. Le 21e siècle apportera de nouveaux assauts et victoires révolutionnaires, le renversement -cette fois-ci définitif et irrévocable- du capitalisme et l’édification du socialisme-communisme.

Le spectre du socialisme-communisme hante aujourd’hui aussi les rêves ensanglantés des bourgeois, dans toutes les latitudes de la terre. Devenons plus résolument leur cauchemar permanent.   

 

 The article was published in the 7th issue of the International Communist Review

23.05.2017